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Eric Cantona n'a pas fait sauter la banque

Les journalistes ont attendu en vain Eric Cantona devant la banque BNP à Albert. [AFP - Philippe Huguen]
Les journalistes ont attendu en vain Eric Cantona devant la banque BNP à Albert, dans le nord de la France. - [AFP - Philippe Huguen]
L'ex-star du football français, Eric Cantona, a retiré une somme "symbolique", mardi, jour qu'il avait choisi pour lancer sa "révolution par les banques" en préconisant des retraits massifs d'espèces dans les agences bancaires. Son appel n'a pas suscité de mouvement de masse aux guichets.

"Eric Cantona tient à faire savoir que, contrairement aux informations parues, il a participé au mouvement citoyen suscité et qu'il a, à l'écart de l'emballement médiatique, à Péronne dans la Somme (nord), effectué, aujourd'hui 7 décembre 2010 un retrait bancaire symbolique", selon un communiqué de ses avocats.

Une vingtaine de journalistes avaient attendu toute la journée la venue de l'ancienne star du ballon rond à l'agence BNP Paribas d'Albert, en Picardie, qui avait préparé à sa demande une somme d'argent à sa disposition.

Un appel très peu suivi

A l'instar de l'ancien footballeur, la plupart des internautes qui avaient annoncé qu'ils videraient leur compte n'ont pas été au rendez-vous. "Nous n'avons rien remarqué. C'est un non-événement", a indiqué la Fédération nationale du Crédit Agricole, qui représente l'ensemble des caisses régionales du groupe.

Eric Cantona. [Martin Bureau]
Eric Cantona. [Martin Bureau]

A Paris, Lille et Marseille, l'appel à retirer son argent des banques a semblé très peu suivi, ont constaté des journalistes de l'AFP. Plusieurs personnes interrogées en agence ou dans la rue ont témoigné de leur sympathie pour l'initiative, sans pour autant vouloir la suivre.

Dans une vidéo qui avait fait du buzz sur internet, "Canto" avait affirmé: "s'il y a 20 millions de gens qui retirent leur argent, le système s'écroule". "La révolution se fait par les banques. Au lieu d'aller dans les rues faire des kilomètres (pour manifester), tu vas à la banque de ton village et tu retires ton argent", avait-il lancé.

Cet appel à passer à l'acte, le 7 décembre, s'était répandu via le réseau Facebook à plusieurs autres pays d'Europe, dont le Royaume-Uni et la Belgique. Un groupe Facebook intitulé "Le 7 décembre, on va tous retirer notre argent des banques" avait regroupé 38'000 adhérents assurant vouloir participer à l'opération, près de 30'000 autres envisageant "peut-être" de s'y joindre.

agences/lan

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Entre hostilité et compréhension

"Un citoyen comme Eric Cantona ne doit pas induire en erreur des gens simples qui n'ont pas les économies qu'il a", a déclaré le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

Fustigeant une initiative qui pourrait pénaliser les "Français les plus modestes", la ministre des Sports Roselyne Bachelot a rappelé qu'Eric. Cantona faisait "de la publicité pour des voitures, des rasoirs" tandis que "son épouse (la comédienne Rachida Brakni) fait de la publicité pour un système bancaire".

La mobilisation sur internet et la polémique engendrée par cette initiative illustre la défiance persistante à l'égard du secteur, deux ans après la crise financière. "Ce que Cantona pose, c'est une question que tous les Français se posent", c'est-à-dire: "dans le fond, les banques nous ont emmenés au mur, on les a beaucoup aidées, aujourd'hui, elles refont des profits et nous, on va toujours aussi mal", a reconnu la dirigeante du Parti socialiste Martine Aubry.

Le patron de la Banque nationale de Belgique Guy Quaden a perçu dans cette initiative "le degré d'animosité de la population à l'égard des banquiers, suite aux bêtises faites par certains d'entre eux".