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Les salaires réels ont reculé en 2023 en Suisse pour la troisième année de suite

Le Conseil fédéral contraint de légiférer sur le salaire minimal. [afp - Caia image/Science Photo Library]
En prenant en compte l’inflation, les salaires ont reculé de 0,4 % en 2023 en Suisse / Le 12h30 / 1 min. / le 25 avril 2024
L'Office fédéral de la statistique annonce jeudi que les salaires nominaux, soit l'argent perçu par les salariés, ont augmenté de 1,7% en 2023. Mais une fois pris en compte le renchérissement du coût de la vie, c'est un recul qui est constaté.

Si l'on regarde les chiffres publiés par l'Office Fédérale de la statistique jeudi, les salaires des Suissesses et des Suisses ont à la fois augmenté et diminué en 2023...

Le salaire dit nominal, soit l'argent vraiment perçu par les employés, a augmenté de 1,7%. Les Suisses étaient donc mieux payés en 2023. Mais si l'on considère l'inflation, les salaires réels (ce que nos salaires permettent d'acheter par rapport au coût de la vie), ont en fait reculé de 0.4%. C’est la troisième année consécutive, pour un total de 3% en moins depuis 2020.

L'inflation annule les hausses de salaire

Pourtant, les Suisses ont négocié en 2023 des hausses de salaire, en moyenne 2,1%. Mais le renchérissement du coût de la vie s'est invité dans les factures d'électricité, de gaz, de loyer, en autres. Et au final, le taux d'inflation a atteint 2,1% lui aussi en 2023, annulant ces hausses de salaires.

Si on approfondit les chiffres de l'OFS, on constate chaque branche n'est pas logée à la même enseigne. Les salaires nominaux (l'argent réellement perçu) ont augmenté de 2,8% dans l’horlogerie en 2023, mais de moins de un pourcent dans l’industrie pharmaceutique. Et dans le tertiaire, l'administration publique enregistre une hausse de 3,6%, contre 1,7% dans le commerce de détail.

Ces disparités s'expliquent notamment par la pénurie de main d'oeuvre. Là où le personnel manque, les salaires ont tendance à augmenter.

Les négociations salariales subissent un effet de retard

Plus globalement, comme le souligne le professeur Sylvain Weber, à la Haute école de gestion de Genève, la baisse des salaires réels (ceux adaptés à l'inflation) s'explique aussi par la rapidité avec laquelle l'inflation est arrivée. Comme les salaires sont négociés en principe qu'une fois par année, il y a un effet retard. 

Et pour 2024, syndicats et patrons ne sont d'ailleurs pas encore d'accord à ce sujet. L’Union syndicale suisse réclame une hausse des salaires de 5% et Travail.Suisse demande 3,5 % à 4,5 %. Mais ces revendications sont jugées "exagérées" par l’Union patronale, qui rappelle que la conjoncture actuelle est incertaine. D'autant plus que la Banque nationale a déclaré la victoire contre l'inflation et vient d' amorcer une descente des taux d’intérêt.

Sujet radio : Frédéric Mamaïs

Adaptation web : made

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