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André Kudelski: "Se séparer de Skidata a été dur"

André Kudelski.
#Helvetica: André Kudelski / #Helvetica / 20 min. / le 23 mars 2024
Pour financer sa dette, le groupe vaudois Kudelski SA, spécialisé dans la sécurité digitale, les solutions numériques pour la télévision payante et les systèmes d'accès sécurisé, s'est séparé de son activité Skidata. Il entend ainsi se recentrer sur ses activités de base, après s'être "diversifié", dit son président André Kudelski, invité dans Helvetica samedi.

"Lorsque vous voulez vous diversifier, vous avez deux options: faire une acquisition ou commencer votre propre start-up à l'intérieur du groupe. C'est l'option que l'on a prise", explique André Kudelski sur le plateau de la RTS. Dans le cas de Skidata, il s'agit d'une acquisition, précise le directeur.

La branche active dans le domaine du stationnement, de la mobilité, du sport et du divertissement participait à 43% du chiffre d'affaires du groupe. Alors quand il a fallu s'en séparer, ça a été "dur", confie-t-il. "Skidata faisait partie du groupe depuis plus de 20 ans (...), il faisait partie de la famille. Mais à un moment donné, vous devez faire des choix (...) ils ne sont jamais agréables", souligne le patron de Kudelski SA, qui note - sans entrer dans le détail - que "beaucoup" de repreneurs potentiels se sont annoncés.

>> Pour en savoir plus sur la cession de Skidata, lire : Kudelski va céder sa division historique pour financer sa dette

Manière de rembourser la dette

André Kudelski affirme qu'il y avait plusieurs options pour rembourser la dette de son groupe familial: la renouveler, "mais les coûts étaient assez excessifs"; augmenter le capital, "mais ça n'aurait pas été bon du tout pour les actionnaires existants"; ou céder une activité.

Après étude de "ce qui était le plus porteur pour notre futur (...), Skidata était le meilleur candidat", précise l'invité d'Helvetica.

"C'est exaltant de se réinventer"

Le groupe a désormais une stratégie renouvelée: il souhaite ajouter une partie "internet des objets", en plus d'offrir des outils de sécurisation à ceux qui développent ce type d'activités. "Ça nous a permis d'accélérer la pénétration sur le marché et de développer des affaires assez lucratives. L'année dernière, le chiffre d'affaires de l'activité 'internet des objets' a été multiplié par plus que 3!"

"C'est exaltant (...), on adore se réinventer", lance André Kudelski. C'est pourquoi la firme mise sur les technologies de pointe qui nécessitent de se "remettre en question de façon plus fréquente".

D'ailleurs, il ne pouvait pas le faire avec Skidata, car c'était une technologie "plus classique", avec moins d'aléas et donc plus rassurante, note-t-il. "Mais pour nous, ce n'est peut-être pas le coeur de notre ADN."

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: Julie Marty

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"La Suisse a un rôle d'excellence" dans l'innovation

Interrogé sur la place de la Suisse dans l'innovation, André Kudelski affirme qu'elle "reste excellente".

Il l'explique par le fait qu'"il n'y a pas de sous-métier", ce qui nous rend capables de "contrôler toute la chaîne, depuis l'innovation et la partie scientifique-technologique de base jusqu'à l'exécution. Ça, c'est une force incroyable".

Il ajoute qu'avoir des apprentis et des métiers intermédiaires permet d'"aller plus loin que d'autres".

"L'innovation (en Suisse, ndlr) n'est pas l'unique qualité des start-up", il y en a aussi dans les PME et les grandes entreprises, souligne encore le président du groupe Kudelski.

>> Lire aussi : La Suisse toujours championne des dépôts de brevets par habitant

Fort intérêt du marché américain pour les entreprises suisses

Kudelski SA ayant une partie de son activité installée à Phoenix (Arizona, Etats-Unis), le directeur voit une différence majeure entre les deux pays qui joue sur la facilité de développer une entreprise: c'est l'accès au marché.

"Le marché suisse est petit et le marché européen n'est pas aussi intéressant pour les nouveaux secteurs que l'est le marché américain. Probablement qu'avoir un accès facilité aux Etats-Unis pour les entreprises suisses serait vraiment intéressant."

>> Revoir le sujet du 12h45 sur l'ouverture du siège de Kudelski aux Etats-Unis :

VD: Kudelski, l’entreprise vaudoise de sécurité informatique ouvre un siège aux États-Unis
VD: Kudelski, l’entreprise vaudoise de sécurité informatique ouvre un siège aux États-Unis / 12h45 / 1 min. / le 2 juin 2016

D'autant que la Suisse n'a plus accès à l'accord Horizon Europe pour la recherche. André Kudelski estime que pour y faire face, il est "très important" que la Suisse continue à collaborer avec l'Europe, car elle est "géographiquement au centre".

Ce n'est pas qu'une question d'argent, pour lui. "C'est avant tout le fait de pouvoir faire partie des projets (...) dont certains sont extrêmement importants", conclut-il.

>> Lire également : Réunies à Bruxelles, Viola Amherd et Ursula von der Leyen relancent les négociations avec l'UE