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L'augmentation des primes, ça change quoi pour vous?

Dans quelques jours le nouveau tarif des primes d'assurance maladie sera connu. On attend une augmentation entre 5 et 10% en raison de l'inflation qui a déjà fait bondir les prix des loyers, de l'électricité, des courses et des transports.
L'augmentation des primes, ça change quoi pour toi?
L'augmentation des primes, ça change quoi pour toi? / Ça change quoi pour vous ? / 5 min. / le 21 septembre 2023

Depuis 1996, l'assurance maladie est obligatoire sur le plan national. Selon la LAMal (la loi sur l'assurance maladie), chaque personne vivant en Suisse doit souscrire un contrat d'assurance de base auprès d'une assurance privée. Mais ces primes n'ont cessé d'augmenter depuis lors car elles sont calquées sur les coûts de la santé. Si la moyenne était de 100 francs en 1996, elle avait doublé en 2010, avant de continuer à prendre l'ascenseur jusqu'à 334,70 francs en 2023.

>> Sur ce sujet, lire : Les caisses maladie s'attendent à une hausse moyenne des primes de presque 10% en 2024

Cette explosion des tarifs suscite l'inquiétude des citoyens dont le salaire ne suffit plus à payer les primes.

"Je suis inquiète pour le budget parce que les salaires augmentent, mais pas en fonction de l'augmentation des assurances maladie", signale Stéphanie Sighartner dans le 19h30 du 19 septembre 2023. Cette mère de famille est la seule à travailler et son revenu ne suffit pas à combler les besoins de tous.

>> Voir le sujet du 19h30 complet :

Les primes d’assurance-maladie pèsent de plus en plus sur le budget des Suisses. Témoignages
Les primes d’assurance-maladie pèsent de plus en plus sur le budget des Suisses. Témoignages / 19h30 / 3 min. / le 19 septembre 2023

La conjoncture en cause

L'année passée, les primes avaient déjà bondi de 6,6% mais cette année elles pourraient monter encore plus haut, estime l'OFSP. Plusieurs paramètres l'expliquent: le Covid et la conjoncture qui réduit les réserves des caisses maladie.

La hausse des primes maladie s’explique par l’absence de réforme pour freiner durablement les augmentations des coûts de la santé

Christophe Kaempf, porte-parole de Santé Suisse

Pour les assurances, c'est la faute du Parlement. C'est du moins ce que déclarait Christophe Kaempf, porte-parole de Santé Suisse dans le 12h45 du 25 mai 2023: "Cette hausse s'explique par l'absence de réforme de la part du Parlement pour freiner durablement les augmentations des coûts de la santé".

Et la spécialiste du dossier, la professeure de médecine à l'Unil Stéphanie Monod, ne le contredit pas dans le 19h30 du 19 septembre. "Actuellement, je ne fais pas confiance au Parlement qui est beaucoup trop tenu par les lobbys et cette pression d'un marché qui a complètement pénétré ce système de l'assurance sociale, mais je fais confiance aux exécutifs", a-t-elle déclaré.

Au programme des sessions parlementaires

La semaine dernière, les primes étaient au coeur de la session parlementaire avec deux initiatives: celle du PS pour "un maximum 10 % du revenu pour les primes d'assurance-maladie" et celle du Centre "pour des primes plus basses".

Dans la première, la différence incombe aux finances publiques. Le texte coûterait entre 4 et 5 milliards aux pouvoirs publics, avec deux tiers venant de la Confédération. Le Parlement lui a préféré un contre-projet beaucoup moins cher à 356 millions à la charge des cantons.

>> Lire aussi : Primes maladie: les cantons passeront à la caisse pour augmenter leurs subsides aux assurés modestes

Le seul impôt qui n’est pas plafonné dans ce pays c’est la prime maladie.

Pierre-Yves Maillard, conseiller national socialiste vaudois

Un choix que regrette le conseiller national socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard qui considère depuis plusieurs années ces primes maladie comme un impôt. "Pourquoi n'acceptez-vous pas un plafonnement dans l'impôt sur la prime maladie alors que vous avez des plafonds dans tous les autres impôts? Le seul impôt qui n'est pas plafonné dans ce pays, c'est la prime maladie", déclarait-il à la tribune du Conseil national le 12 septembre 2023.

L'initiative du Centre a été rejetée en première lecture par le Conseil des Etats. Elle proposait d'introduire des freins aux coûts évolutifs en fonction de l'économie et des salaires et fixés par le Conseil fédéral. Le Parlement lui a préféré un contre-projet qui garde des objectifs de coûts et de qualité fixés tous les quatre ans mais pas leur caractère contraignant.

"Notre initiative va plus loin, elle ne veut pas que l'augmentation des primes maladie aille plus vite que l'augmentation des salaires", regrettait le conseiller national centriste valaisan Benjamin Roduit dans le 12h45 le 14 septembre dernier.

Le peuple votera sur l'initiative du PS. Pour celle du Centre, il faut encore attendre le résultat final du vote à la fin de la session qui aidera le parti à prendre sa décision.

>> Le suivi de la session en cours : Le développement du réseau routier soutenu au Conseil des Etats

D'autres propositions sur la table

Les partis ont d'autres propositions pour résoudre le problème. Le PS revient avec l'idée d'étatiser le système de l'assurance maladie. Une idée qui a essuyé deux échecs en votations: l'initiative pour une caisse unique en 2007 et celle pour une caisse publique en 2014.

"Il faut relancer cette question de caisse publique, parce qu'on voit qu'aujourd'hui le système arrive dans le mur. Les gens n'arrivent plus à payer et il n'y a plus beaucoup de solidarité dans ce système. Donc il faut passer maintenant à autre chose", soutenait Baptiste Hurni, conseiller national (PS/NE) dans le 19h30 du 21 août 2023.

La droite a toujours rejeté cette idée. Pour elle, la concurrence entre les caisses privées participe à l'équilibrage des coûts. L'idée du PLR est de proposer une assurance "low cost" ou "budget". Une formule dans laquelle les citoyens renoncent à choisir leur médecin, les 600 premiers francs de chaque maladie sont à leur charge, le temps d'attente pour certains soins est long, la psychothérapie n'est pas remboursée et seuls les médicaments génériques sont remboursés. En compensation, les primes sont meilleur marché.

Quant à l'UDC, le parti ne propose pas de projet mais la conseillère d'Etat du canton de Zurich Natalie Rickli a une idée radicale: remettre en cause le caractère obligatoire de l'assurance maladie.

Et vous dans tout ça?

A ce jour, votre seul rayon d'action est de comparer votre prime et de faire jouer la concurrence entre les caisses. Pour mémoire, le délai de résiliation est fixé à la fin du mois de novembre. Pour vous y aider, le comparateur de la RTS et de la FRC sera en ligne dès le 26 septembre.

Pour ceux qui ont du mal à payer leurs primes, il est possible de profiter d'un subside cantonal selon certaines conditions.

Claire Burgy

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