La semaine dernière à Bruxelles, où a eu lieu la rencontre de la fondation mondiale du cacao, le Ghana et la Côte d'Ivoire ont boycotté l'événement. Ces pays producteurs reprochent aux grandes marques de faire de la communication sur leur engagement durable mais de mal payer les producteurs de cacao.
"J'ai peu d'influence sur le paiement des producteurs de cacao. On paie un différentiel de 400 euros pour permettre d'améliorer les conditions de vie des paysans. Mais certains pays sont meilleur marché, donc certaines entreprises vont voir ailleurs. Le Ghana a donc perdu des parts de marché", explique Daniel Bloch.
L'importance de la traçabilité
La Chocolaterie Camille Bloch, qui est située à Courtelary (BE), travaille toujours avec le Ghana. "On n'est pas intéressé par un prix bas car on est dans la même chaîne de valeur que les producteurs. On a tout intérêt à ce qu'ils restent motivés car les paysans pourraient décider de cultiver autre chose", affirme le petit-fils du fondateur.
Toutefois, s'il existe des tensions entre les producteurs de cacao et l'industrie du chocolat, la question de la durabilité est devenue centrale, notamment avec la déforestation engendrée par certaines matières premières comme l'huile de palme. "On n'utilise plus d'huile de palme depuis une dizaine d'années. Je ne voulais rien changer car ça faisait partie de la recette traditionnelle. Mais c'est vrai que pour l'image, il a fallu le faire", raconte Daniel Bloch.
Production de noisettes en Géorgie
En avril 2022, le chocolatier a acquis 650 hectares en Géorgie, sur lesquels il produira bientôt ses propres noisettes. Dès 2025, il espère en récolter 700 tonnes par année, de quoi alimenter intégralement sa production.
Pour Daniel Bloch, cet achat est important pour le contrôle de la qualité des produits et de leur durabilité. "La traçabilité c'est un peu notre philosophie parce qu'on pourrait travailler avec des certificats et déléguer le travail à des labels. Mais on veut savoir d'où vient le cacao, d'où viennent les noisettes et les autres denrées", souligne-t-il. Et d'ajouter: "On peut surveiller les plantations de nos paysans car on sait où elles se trouvent et on arrive ainsi à intervenir au niveau de la déforestation."
Propos recueillis par Patrick Fischer
Adaptation web: aps