Invitée mercredi de La Matinale, Monica Duca-Widmer l'admet: sa première tâche sera "de construire une confiance entre les trois conseils d'administration" de Ruag: celui qu'elle préside, et ceux des deux sous-holdings de l'entreprise (l'une pour l'armée suisse, l'autre pour le domaine aérospatial, créées avec la dissociation du groupe le 1er janvier 2020, ndlr).
"Règles claires" pour l'exportation d'armes
L'ancienne ingénieure chimiste reconvertie dans l'économie d'entreprise, également élue PDC, a été nommée pour faire de l'ordre. Est-ce la fin des polémiques autour de la présence d’armes suisses dans certains conflits, notamment les guerres civiles au Yémen et en Syrie? "En Suisse, nous avons des règles très claires sur l'exportation. Ruag les a toujours suivies", répond Monica Duca-Widmer.
En Suisse, nous avons des règles très claires sur l'exportation d'armes. Ruag les a toujours suivies.
Elle précise que Ruag a "toujours demandé aux pays pour lesquels elle a reçu le permis d'exporter des armes de le sous-signer" afin qu'ils "n'exportent pas ces armes ailleurs". Mais parfois, "cela s'est passé quand même". Résultat: "le Conseil fédéral dit que dans ce domaine, où il est impossible d'avoir un risque nul, il ne faut plus du tout investir".
Et Monika Duca-Widmer abonde: "dans ce type de marchés, le risque ne sera jamais nul. On peut chercher à avoir tous les contrats que l'on veut, mais on ne peut pas tout contrôler, car cela se passe en dehors de la Confédération. Le seul moyen de ne plus avoir de risque, c'est de vendre cette partie".
L'aérospatial doit se développer "sans la Confédération"
Autre chantier, la privatisation à moyen terme de la sous-holding consacrée à l'aérospatial. "L'aérospatial connaît un développement très positif. Mais on a grandi dans un domaine qui n'est pas d'intérêt direct pour la Confédération. Ruag doit donc séparer cette partie, afin de lui donner la possibilité de bien se développer dans le futur, sans avoir la Confédération comme propriétaire", explique Monica Duca-Widmer.
Elle précise que ce domaine "comprend aussi beaucoup de risques, car on doit faire de grands investissements et il n'y a pas de base juridique au niveau du Conseil fédéral pour être actif dans ce domaine".
Propos recueillis par Julien Bangerter
Adaptation web: Jessica Vial