Publié

2020 sera l'année du chacun pour soi pour les salons horlogers

En 2020, des horlogers suisses délaissent Genève et Bâle, à l'image de LVMH qui organise son propre salon à Dubaï. Explications.
En 2020, des horlogers suisses délaissent Genève et Bâle, à l'image de LVMH qui organise son propre salon à Dubaï. Explications. / 19h30 / 2 min. / le 12 janvier 2020
LVMH ouvre son propre salon horloger ce lundi à Dubaï. C'est la première fois que le no1 mondial du luxe organise un tel événement qui pourrait remplacer les traditionnels salons horlogers. En 2020, de nombreuses marques vont aussi bouder les salons de Bâle et de Genève.

Les marques horlogères de LVMH (Bulgari, Tag Heuer, Hublot et Zenith) organisent leur premier salon privatif dans l'émirat. Les quatre marques ont invité leurs principaux détaillants et près de 250 journalistes.

En cas de succès sur le plan commercial et médiatique, ceci pourrait remettre en cause notre participation à Baselworld, a déclaré au 19h30 Jean-Christophe Babin, patron de Bulgari, qui estime que le salon bâlois doit évoluer sur trois points précis: les prix, la date (Baselworld aura lieu du 30 avril au 5 mai 2020) et la qualité des marques présentes.

Moins cher à Dubaï qu'à Bâle

Même en invitant, tous frais payés, des centaines de journalistes et détaillants à Dubaï, les quatre marques de LVMH dépenseront nettement moins que pour Baselworld. Jean-Christophe Babin a révélé au 19h30 que Baselworld coûte chaque année entre 10 et 20 millions de francs alors que l'événement de Dubaï coûtera beaucoup moins que 10 millions de francs.

Conséquence du salon de Dubaï, les marques de LVMH ne seront pas présentes à Genève lors du Salon Watches and Wonder (le nouveau nom du SIHH, Salon international de la haute horlogerie). LVMH sera présent à Baselworld 2020 comme annoncé l'an dernier mais tout est ouvert dès 2021.

Chacun pour soi

LVMH est loin d'être un cas isolé. Swatch Group, déjà absent du salon de Bâle en 2019, a confirmé à la RTS qu'il ne reviendra pas sur sa décision. Les marques haut de gamme du groupe biennois rencontreront, comme l'an dernier, leurs détaillants à Zurich.

Autre marque à faire cavalier seul: Audemars Piguet. La marque estime que les salons actuels sont beaucoup trop éloignés des clients et ne participera donc pas au salon Watches and Wonder, alors qu'elle était un des piliers du salon genevois.

Le groupe Richemont, fondateur et pilier du Salon de l'horlogerie à Genève, se pose aussi des questions sur l'utilité des salons. Le propriétaire des marques Cartier, Jaeger ou IWC n'expose plus sa marque joaillière Van Cleef & Arpels à Genève. Richemont a précisé par écrit à la RTS que "Van Cleef & Arpels ayant arrêté la distribution de ses montres auprès de la distribution tierce et ne les distribuant plus que dans les boutiques Van Cleef & Arpels, sa présence au salon n'avait plus de sens".

Des salons offensifs

Face à ces départs de marques importantes, les salons de Genève et de Bâle sont en train de se transformer. Le salon Watches and Wonder verra pour la première fois les marques horlogères organiser de multiples événements en ville de Genève en complément du salon professionnel organisé à Palexpo.

Baselword aussi vit sa révolution en misant beaucoup plus sur le numérique. Objectif des deux salons: se rapprocher des clients, à savoir des acheteurs de montres, le meilleur moyen de retenir ou de faire revenir les marques horlogères.

Nicolas Rossé/lan

Publié

Événements régionaux pour Audemars Piguet

François-Henry Bennahmias, patron d'Audemars Piguet, a dévoilé au 19h30 sa stratégie pour remplacer les traditionnels salons: des événements régionaux pour se rapprocher des consommateurs à Hong Kong, au Brassus (à l'occasion de l'inauguration du nouveau musée) et à New York.

La marque du Brassus a les moyens de faire cavalier seul. François-Henry Bennahmias indique qu'Audemars Piguet a réalisé en 2019 le meilleur résultat de son histoire avec un chiffre d'affaires de 1,2 milliard pour près de 40'000 montres vendues.

"Dans le haut de gamme, nous sommes dans l'éternel"

Pour Jean-Claude Biver, ancien président de la division montres du groupe LVMH, le tendance du milieu horloger est très clairement en train de se tourner vers le haut de gamme. Un virage qui fait craindre de réelles pertes quantitatives à l'exportation et une diminution de l'appareil industriel de la branche.

Invité du 19h30, celui qui a aussi été directeur de Hublot et de Tag Heuer l'explique ainsi: "Pourquoi on achèterait une montre à 300 francs qui indique l'heure? L'heure est partout aujourd'hui. C'est le segment des montres à 200 ou 300 francs qui souffre le plus alors que le haut de gamme, au-dessus de 3000 francs, est encore en croissance."

"Le haut de gamme fonctionnera sans doute toujours, car dans le haut de gamme, nous sommes dans l'éternité (...) je veux dire que nous sommes dans l'art, et l'art est éternel. Dans le futur, on va vouloir de plus en plus acheter quelque chose qui dure", conclut-il.