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Le manque de moyens investis dans la relève horlogère dénoncé à Neuchâtel

Des voix s'élèvent pour dénoncer le manque de moyens financiers dans le domaine de la formation horlogère
Des voix s'élèvent pour dénoncer le manque de moyens financiers dans le domaine de la formation horlogère / 19h30 / 2 min. / le 27 octobre 2019
Des voix s'élèvent dans le canton de Neuchâtel pour dénoncer le manque de moyens financiers investis dans la formation horlogère. Très gourmande en main-d'oeuvre qualifiée, l'industrie n'hésite pas à engager des jeunes ayant étudié en France.

Quelque chose s’est grippé dans la formation des horlogers, au coeur même du berceau de cette industrie. Pour faire des économies, le canton de Neuchâtel vient de fermer quatre filières d'apprentissage à plein temps en école.

Le patronat dénonce une décision précipitée. "Avec la fermeture des filières à plein temps, les entreprises n'ont pas le temps de réagir. Il leur est impossible d'absorber ces apprentis qui commençaient traditionnellement leur formation en école. On risque donc d’être en pénurie de main-d'oeuvre dans quelques années", s'insurge Séverine Favre, responsable de la formation professionnelle à la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse (CP).

Mais les inquiétudes ne s'arrêtent pas au niveau de l'apprentissage. A la Haute Ecole Arc (HE-Arc) du Locle, qui forme les futurs ingénieurs en horlogerie, certains déplorent un matériel vieillissant, parfois même d'un autre temps. Professeur retraité en microtechnique à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Jacques Jacot s'alarme: "Toutes les firmes horlogères ont les moyens d'avoir du matériel moderne. Quand vous étudiez dans une école qui offre du vieux matériel par rapport aux entreprises avec lesquelles vous devrez travailler, ce n'est pas terrible. J'ai vraiment peur que notre formation ne soit plus à la hauteur de ce qu'on attend ici".

A Besançon, un matériel dernier cri

L'industrie horlogère est très gourmande en savoir-faire. En 2016, elle visait 2000 nouveaux collaborateurs qualifiés supplémentaires sur cinq ans, selon une enquête de la CP. Faute de trouver suffisamment de personnel en Suisse, les entreprises vont donc chercher de la main-d'oeuvre dans les écoles françaises, très bien équipées.

C'est notamment le cas de l'École nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (ENSMM) de Besançon, où l'on affiche fièrement un matériel de formation dernier cri. "La région Bourgogne-Franche-Comté nous a beaucoup aidé dans l'acquisition de matériel coûteux. Cet investissement est aussi destiné à l'industrie régionale, afin qu'elle puisse monter en compétences", explique Sébastien Thiébaud, enseignant à l'ENSMM.

Tournés vers l'innovation, de nombreux étudiants de la haute école espèrent faire une carrière helvétique. C'est le cas de Théophile Calloc'h, qui suit un cursus en ingénierie micromécanique: "J'ai l'impression qu'on cherche beaucoup d'ingénieurs en Suisse car c'est un secteur très traditionnel. Et si on veut industrialiser des procédés faits à la main actuellement, on a besoin d'ingénieurs pour travailler sur ces projets".

A Neuchâtel, "un taux d'employabilité de 94%"

La formation suisse est soumise à forte concurrence. Mais pour les autorités neuchâteloises, critiquer le manque d'investissement dans la filière des futurs ingénieurs horlogers est infondé. "Le taux d'employabilité de nos étudiants de la HE-Arc est de 94%. Cela montre bien que la manière dont on les forme est directement utilisable pour les entreprises. Et l'on veille à ce que nos professeurs aient ces compétences professionnelles", déclare Jérôme Amez-Droz, secrétaire général du Département neuchâtelois de l'éducation.

Pour soutenir sa politique de formation, le canton de Neuchâtel compte aussi sur la manne fédérale. L'an prochain, les Chambres débattront d'un crédit de 30 milliards de francs sur quatre ans, destiné à soutenir la recherche et à la formation en Suisse.

Julien Guillaume/kg

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