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"Il faut organiser un peu moins de concerts en Suisse romande"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Vincent Sager, directeur d’OPUS ONE
L'invité de La Matinale (vidéo) - Vincent Sager, directeur d’OPUS ONE / La Matinale / 14 min. / le 17 juillet 2019
L'offre de concerts et d'événements musicaux en Suisse romande est pléthorique. Trop? Vincent Sager, directeur d'Opus One, explique que sa société événementielle vise à diminuer de 20% le nombre de concerts qu'elle organise.

"Si l'on veut que les Suisses romands continuent à aller voir des concerts avec plaisir dans le futur, il faut en faire un peu moins", assure le directeur d'Opus One, Vincent Sager, invité mercredi de La Matinale de la RTS.

Il explique d'ailleurs que sa société événementielle vise à diminuer de 20% le nombre de concerts qu'elle organise. La raison: l'offre déjà pléthorique de concerts et d'événements en Suisse romande. "On atteint un point proche de la saturation", estime-t-il.

"En 10 ans, on a augmenté d'environ 85% le nombre d'événements et de concerts produits en Suisse, alors que dans le même temps le nombre de spectateurs qui fréquentent ces événements n'a augmenté que de 35%. Ce sont les chiffres de la faîtière des organisateurs de concerts et de festivals", détaille Vincent Sager.

Des festivals jusqu'à saturation

Le directeur d'Opus One souligne d'ailleurs que "la force du marché suisse se situe du côté des festivals, avec une grande tradition et une forte densité... peut-être trop forte?". On observe en effet que cette année, des événements très prisés comme le Paléo n'ont pas écoulé tous leurs billets. "Paléo doit avoir quelque chose comme 2% de billets invendus. Cela reste modeste par rapport à d'autres festivals qui vivent des jours plus difficiles", nuance Vincent Ssager.

Quelles solutions, alors? Vincent Sager assure qu'il faut miser sur une démarche originale pour ne pas lasser le public. "Je pense par exemple au PALP Festival, en Valais, ou à d'autres qui se situent dans des endroits moins biens servis en termes d'offre culturelle (...), en dehors de l'Arc lémanique, qui attire toutes les convoitises et qui est saturé".

>> Lire : Proximité et convivialité, les petits festivals suisses sortent leurs atouts

Opus One, de son côté, s'intéresse aussi à d'autres marchés depuis quelques années, par exemple l'organisation d'expositions comme "Titanic" ou "Toutankhamon", dont "le prix du billet est plus intéressant que pour un concert".

Il faut dire que le prix des grands festivals suisses, notamment, a augmenté de plus d'un tiers entre 2008 et 2018. Mais Vincent Sager note "une relativement bonne nouvelle: l'an dernier, le prix moyen des billets de concert a légèrement baissé. C'est la preuve qu'on a atteint un sommet, mais qu'on est dans un moment où les choses se corrigent".

Propos recueillis par Valérie Hauert

Adaptation web: Jessica Vial

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De nouveaux acteurs sur le marché des concerts

La multiplication des concerts et événements n'est pas l'unique modification récente sur le marché de l'événementiel en Suisse romande. En juin dernier, le concurrent direct d'Opus One, Live Music Production, a été vendu au conglomérat allemand Deutsch Entertainment AG. Et le modèle économique proposé par ce type de géants est nouveau: ils proposent des concepts tout en main, jusqu'à la vente de boissons et au parking.

"Ces grands groupes ont globalisé ce qui était jusqu'à maintenant un artisanat", réagit Vincent Sager. Pour lui, ce type de conglomérat, déjà présents en Suisse alémanique depuis quelques années, vise "à maximiser les profits à réaliser à tous les étages de la fusée des concerts, ce qui leur donne une puissance financière que les acteurs locaux n'ont pas".

Vincent Sager dit avoir été déjà approché par ce type d'acteurs, sans avoir donné suite. Mais il relativise l'impact de l'arrivée de ce concurrent, qui "ne change pas fondamentalement" la manière de travailler d'Opus One.