Publié

Un parachute doré fait scandale en France

Thierry Morin, patron de Valéo, un des hommes mis en cause en France.
Thierry Morin a touché l'équivalent de deux ans de salaire à son départ.
Le scandale de la rémunération des patrons a rebondi mardi en France avec la révélation d'un "parachute doré" de plus de 3 millions d'euros octroyé au patron de l'équipementier automobile en difficultés Valéo. Nicolas Sarkozy est immédiatement monté au créneau.

Le patron du groupe Thierry Morin a été remercié vendredi pour
"divergences stratégiques" avec son Conseil d'administration, et a
perçu 3,2 millions d'euros, correspondant à 2 ans du montant moyen
de son salaire des trois dernières années.



Le gouvernement, actionnaire à hauteur de 8% de Valéo où il a
récemment injecté 19 millions d'euros via son Fonds stratégique
d'investissement (FSI), a jugé l'affaire "choquante" et assuré
qu'il allait s'opposer au versement de l'indemnité.



De Washington où il était en déplacement, le Premier ministre
François Fillon a affirmé que l'Etat est "opposé" au versement de
l'indemnité, estimant que ceux qui ne font pas "preuve de
responsabilité mettent en péril l'ensemble de notre système
économique et social".

Sarkozy dénonce

Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé mardi qu'"il ne
devait plus y avoir de bonus", de parachutes dorés ou de
stock-options "dans une entreprise qui reçoit une aide de l'Etat"
ou qui "met en oeuvre un plan social d'ampleur".



"Percevoir une grosse rémunération en cas d'échec, ce n'est pas
responsable, ce n'est pas honnête", "qu'un dirigeant qui a mis son
entreprise en difficulté puisse partir avec un parachute doré ce
n'est pas responsable, ce n'est pas honnête", a-t-il lancé.



En cas de plan social ou de chômage partiel, "on recourt aux fonds
publics. Et il n'est pas honnête de les utiliser à autre chose que
le redressement de l'entreprise" ou de les utiliser "pour rémunérer
des gens qui ne le méritent pas", a ajouté Nicolas Sarkozy.

5000 emplois biffés

Le groupe a maintenu le versement de cette somme même si
l'ex-PDG n'a réalisé que trois des cinq critères de performances
auxquelles elle était conditionnée. Thierry Morin laisse une
entreprise en grande difficulté avec 207 millions d'euros de pertes
en 2008 et 5000 suppressions d'emplois en cours, dont 1600 en
France.



Ce parachute doré provoque "la colère" et "un sentiment
d'injustice" parmi les salariés, selon le principal syndicat
français, la CGT.



De son côté, la patronne des patrons français Laurence Parisot a
demandé à Thierry Morin d'y renoncer. Principal équipementier
automobile français, Valéo a été aidé par le gouvernement français,
soucieux de préserver un secteur jugé stratégique pour l'économie,
mais malmené par la crise.

Autres scandales

Ce nouveau scandale survient quelques jours après l'octroi de
dizaines de milliers de stock-options à des dirigeants de la
Société Générale qui a bénéficié d'un prêt de l'Etat de 1,7
milliard d'euros. Face au tollé, les dirigeants de la banque ont
finalement renoncé à ces actions à prix préférentiel.



Ces affaires font écho à l'étranger aux primes perçues aux
Etats-Unis par des dirigeants de l'assureur AIG, sauvé de la
faillite au prix d'une nationalisation (lire
ci-contre)
, ou encore à la retraite dorée promise à
l'ancien patron de la Royal Bank of Scotland, en
Grande-Bretagne.



La France vient de connaître le 29 janvier et le 19 mars deux
journées de manifestations massives contre la politique du
gouvernement face à la crise. Le président Nicolas Sarkozy, qui
devait s'exprimer mardi en fin de journée pour expliquer sa
politique, met la pression sur le patronat pour qu'il s'engage
concrètement d'ici le 31 mars sur la limitation des rémunérations
des dirigeants. Sinon, le gouvernement menace de légiférer pour les
encadrer.



afp/cab/sbo

Publié

Primes rendues chez AIG

Des cadres de l'assureur américain AIG ont accepté de rendre environ 50 millions de dollars au total provenant des primes qu'ils ont reçues, a indiqué lundi le ministre de la Justice de l'Etat de New York, Andrew Cuomo.

"Pour l'instant, neuf des dix principaux bénéficiaires des primes ont accepté de rendre leur prime. Parmi les 20 principaux bénéficiaires, 15 ont accepté de rendre leur prime", a-t-il ajouté.

L'assureur a versé 165 millions de dollars en primes à des cadres de la société, alors que l'Etat a injecté 170 milliards de dollars pour la sauver de la faillite, ce qui a provoqué la colère de l'opinion publique et du Congrès. AIG appartient désormais à 80% à Washington.

Un journal local américain, le Hartford Courant, a même affirmé samedi que l'assureur avait versé cette année 218 millions de dollars de primes aux responsables de ses activités financières.

L'affaire a poussé la Chambre des représentants américaine à adopter jeudi dernier un projet de loi imposant à 90% les primes de ce genre.

Le Sénat américain prépare lui aussi un texte pour récupérer les primes versées aux cadres d'AIG, malgré les mises en garde du président Obama contre les sanctions fiscales.

L'ancien numéro un mondial de l'assurance a annoncé début mars la pire perte trimestrielle jamais enregistrée par une entreprise américaine, de 61,7 milliards au 4e trimestre 2008, frôlant les 100 milliards de pertes pour l'année 2008.