Les Suisses restent attachés à Coop et Migros, qui continuent leur croissance

On disait le commerce de détails morose en Suisse. Pourtant, c'est bien le commerce de détail qui a réalisé la plus grosse partie des ventes de Coop, avec 17,7 milliards de francs, selon les chiffres publiés ce mardi matin par le groupe.

"On annonçait une croissance de 0% du commerce de détail en Suisse. Nous avons augmenté de 1,9% dans ce secteur. C'est donc une bonne progression", affirme au 19h30 Joos Suter, président de la direction générale de Coop.

Les affaires sourient aussi pour son principal concurrent Migros, qui a publié ses chiffres annuels en janvier. Le leader du commerce de détail enregistre lui aussi une progression de 1,9% dans ce secteur, en Suisse et à l'étranger, à 23,7 milliards de francs.

>> Relire : Les chiffres du groupe Migros ont continué à progresser en 2018

Les Suisses prêts à payer plus

Ces 10 dernières années, les chiffres d'affaires des deux géants oranges n'ont cessé d'augmenter, toujours côte à côte. Une situation totalement inédite dans un marché suisse qui propose pourtant des enseignes à prix plus bas. Cela s'explique par la diversification de leurs activités, mais aussi par le fait que les Suisses sont toujours prêts à payer plus cher pour aller chez l'un des deux.

"Migros et Coop ne sont pas connus pour proposer des prix bas, ils sont connus pour proposer des produits premium. Et les produits premium représentent un quart, voire un tiers du chiffre d'affaires des supermarchés en Suisse. Ils sont très forts sur ce segment, qui est très présent pour les consommateurs suisses", explique à la RTS Nicolas Inglard, directeur d'Imadeo, une société d'étude pour le commerce.

Marques d'amour

Les Suisses aiment ces deux supermarchés. Selon un classement réalisé par l'institut d'étude de marché GfK, les marques avec lesquelles les Helvètes entretiennent la plus forte des relations sont depuis des années la Migros et la Coop (Voir le classement ci-dessous). "Pour la majorité des Suisses, Migros est un ami proche ou un membre de la famille", précise même le rapport.

Pour Nicolas Inglard, cet attachement s'explique surtout par la nature conservatrice des Suisses. "On aime bien la continuité. Mais inversement, dans l'alimentaire, on aime bien ce qui est sans conservateur. On aime les produits bio, les produits de qualité et en Suisse, on est prêt à les payer", analyse-t-il.

Les Helvètes seraient donc conservateurs, mais la forte présence physique et historique des deux enseignes joue également un rôle important. Actuellement, ces deux marques sont présentes dans tous les segments de la vie et dans tous les quartiers, avec un maillage très fin. "Il y a l'historique, mais il y a aussi la présence au quotidien dans la vie des gens. Et c'est cela qui explique sans aucun doute l'attachement des Suisses", estime Nicolas Inglard.

Vers une plus forte concurrence

Coop et Migros sauront-ils dominer le marché encore longtemps? Selon l'expert d'Imadeo, l'avenir devrait être composé d'une plus forte concurrence, aussi bien dans l'alimentaire que dans le non-alimentaire.

Dans le non-alimentaire, le e-commerce devrait continuer à prendre une part importante. Dans ce domaine, Migros a été plus rapide avec le rachat de Galaxus, tandis que la Coop a essuyé un échec avec sa plateforme siroop, disparue l'année dernière faute de succès.

Reste à savoir si les Suisses resteront fidèles aux géants oranges dans le secteur alimentaire, ou si les discounter comme Aldi et Lidl, qui ont déjà réussi à se faire une petite place, parviendront à peser plus lourd dans la balance.

>> L'éclairage de Delphine Gianora dans le 19h30 :

Delphine Gianora et Feriel Mestiri