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Le Japon a (très) mal à ses exportations

Noël risque d'avoir un goût amer pour l'industrie japonaise.
Noël risque d'avoir un goût amer pour l'industrie japonaise.
Le Japon a subi en novembre un effondrement sans précédent de ses exportations, en raison de la dégringolade vertigineuse de la demande aux Etats-Unis, en Europe et même en Chine. Fleuron nippon, Toyota tire la langue. Tout un symbole.

La balance commerciale japonaise a enregistré en novembre un
déficit de 223,42 milliards de yens (1,8 milliard d'euros), a
annoncé lundi le ministère des Finances. Un an plus tôt, elle
affichait au contraire un excédent de 784,39 milliards. L'économie
japonaise "avait déjà chuté le mois dernier, mais ce mois-ci elle
est tombée à la renverse", a estimé Hiroshi Watanabe, économiste à
l'institut de recherche Daiwa. "Le Japon est frappé par un
changement de climat soudain et sans précédent", a-t-il
souligné.

Les exportations ont chuté de 26,7% sur un an à 5326,60
milliards de yens (66,5 milliards de francs), la plus lourde baisse
jamais enregistrée, plombées par un recul marqué de la demande chez
les principaux clients du Japon conjuguée à l'appréciation
galopante du yen face au dollar et à l'euro.

Importations aussi en baisse

Les importations ont de leur côté diminué de 14,4% à 5550,02
milliards (69,4 milliards de francs), allégées par un recul des
achats de pétrole brut, en raison à la fois de la chute des cours
et du ralentissement économique dans l'archipel. Les chiffres de
novembre sont nettement pires que ceux auxquels s'attendaient les
économistes.



Le Japon avait déjà enregistré un déficit commercial en octobre
(63,92 milliards de yens), ainsi qu'en août (324 milliards). Il
était auparavant extrêmement rare que la balance commerciale
japonaise tombe dans le rouge. En novembre, les exportations ont
dévissé de 33,8% vers les Etats-Unis et de 30,8% vers l'Union
européenne, avec des résultats particulièrement désastreux pour
l'automobile (lire ci-contre) et l'électronique.

La cherté du yen pénalisante

Les exportations vers le reste de l'Asie, qui avaient jusqu'à
récemment plutôt bien résisté, ont subi elles aussi un violent
plongeon (-26,7%), notamment vers la Chine et la Corée du Sud.
Celles destinées à la Russie ont aussi baissé (-6,7%), alors
qu'elles affichaient une excellente santé ces derniers mois.
"L'économie mondiale va de mal en pis et le marasme des pays
émergents d'Asie, du Moyen-Orient et de la Russie est désormais
flagrant", selon Hiroshi Watanabe.



Il a ajouté que le Japon devrait être durablement affaibli par la
montée du yen, qui pénalise fortement les exportateurs nippons en
rendant leurs produits moins compétitifs face à leurs concurrents
étrangers. Selon l'économiste, les inconvénients du yen fort ne
devraient en outre se faire sentir à plein qu'à partir de la fin
2009, les transactions actuelles étant basées sur un taux de change
antérieur à la montée de la monnaie japonaise.



Le yen est monté rapidement cet automne, atteignant un plus haut
depuis 13 ans face à la monnaie américaine, en dessous de 90 yens
pour un dollar, contre 110 yens pour un dollar il y a un an.



afp/ps

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Une récession qui va durer

L'économie japonaise, qui dépend lourdement des exportations, est entrée en récession au troisième trimestre 2008.

Tant le Fonds monétaire international (FMI) que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoient qu'elle le restera tout au long de l'année 2009.

La reprise de la deuxième puissance économique mondiale ne devrait intervenir qu'à partir de la fin 2009 ou du début 2010, à mesure que l'économie mondiale repartira, prévoit Hiroshi Watanabe, qui s'attend à une reprise japonaise "laborieuse, plutôt qu'à un vif rebond".

Toyota table sur une perte historique

Toyota Motor prévoit de subir lors de l'exercice 2008-2009 la toute première perte d'exploitation depuis que le groupe publie ses chiffres (1940), la crise mondiale entraînant «une situation d'urgence sans précédent».

Pour l'exercice qui se terminera fin mars prochain, Toyota prévoit une perte d'exploitation de 150 milliards de yens (1,9 milliard de francs), a annoncé lundi son PDG Katsuaki Watanabe lors d'une conférence de presse à Nagoya.

Toyota a en outre divisé par plus de dix sa précédente prévision de bénéfice net, qui ne datait que de fin octobre. Il ne prévoit plus pour cette année que 50 milliards de yens, au lieu de 550 milliards.

En raison de la chute du marché automobile aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, les ventes de Toyota ne devraient s'élever cet exercice qu'à 7,54 millions de véhicules dans le monde, contre 8,913 millions en 2007-2008.