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Dispositif d'exception après la fusillade qui a fait 4 morts à Toulouse

France/Fusillade à Toulouse: Nicolas Sarkozy s'est rendu le premier sur place et a annoncé qu'une minute de silence sera observée dans toutes les écoles françaises mardi
Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont rendus sur les lieux du drame / 19h30 / 1 min. / le 19 mars 2012
La France était sous le choc lundi après la fusillade qui a fait 4 morts, un professeur et trois élèves, devant un collège juif de Toulouse. Nicolas Sarkozy a activé le plan Vigipirate au niveau d'alerte maximum.

Un professeur de religion de 30 ans, un Franco-Israélien originaire de Jérusalem, ses deux enfants de trois et six ans et un autre enfant âgé de 10 ans ont été tués lundi matin devant le collège juif Ozar Hatorah de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, soulevant une immense émotion en France. Outre ces quatre décès, la fusillade a fait un blessé grave, un adolescent de 17 ans, a précisé le procureur de la République de Toulouse.

Toulouse, école juive attaquée [Eric Cabanis]
Toulouse, école juive attaquée [Eric Cabanis]

D'après ce dernier, l'homme est descendu de son deux-roues devant l'établissement puis "il a tiré sur tout ce qu'il y avait en face de lui, enfants et adultes". "Les enfants ont été poursuivis à l'intérieur de l'école", a précisé le procureur. Le ministère de l'Intérieur a immédiatement ordonné un "renforcement de la surveillance" autour des écoles juives du pays, puis autour de tous les lieux confessionnels.

Ouverture d'une enquête antiterroriste

Le parquet de Paris s'est saisi au titre de sa compétence antiterroriste des trois enquêtes ouvertes pour "assassinats et tentatives d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste". Le procureur de la République de Paris François Molins précise dans un communiqué que ces enquêtes concernent les assassinats de militaires à Toulouse le 11 mars, à Montauban le 15 mars et au collège-lycée Ozar Hatorah à Toulouse ce lundi.

Selon les témoignages et les rapprochements effectués par les enquêteurs, ce serait le troisième crime d'un homme opérant à scooter après deux attaques visant des militaires à Toulouse et dans la ville voisine de Montauban, qui ont fait trois morts, trois soldats d'origine maghrébine, et un blessé grave (à lire: Trois fusillades dans les environs de Toulouse depuis la semaine dernière).

Mesures de sécurité exceptionnelles

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé lundi soir l'activation du plan Vigipirate de couleur "écarlate" -le plus haut des quatre niveaux - dans la région Midi-Pyrénées et "quelques départements limitrophes", une première en France.

Quatorze unités de CRS et de gendarmes mobiles "sécuriseront" la région, tandis que des gardes statiques seront engagés devant les lieux de culte juifs et musulmans et devant les écoles confessionnelles, a-t-il précisé lors d'une déclaration à l'Elysée. En outre, 120 enquêteurs "se trouvent à Toulouse", a-t-il précisé. Le reste du pays reste placé au niveau "rouge" du plan Vigipirate.

Même arme, même scooter

Le tueur de Toulouse était muni de deux armes, dont une de même calibre que pour les parachutistes, selon des sources policières, et le ministre l'Intérieur Claude Guéant a évoqué des "similitudes" entre ces affaires.

Nicolas Sarkozy s'est rendu sur les lieux immédiatement après le drame. [KEYSTONE - Eric Cabanis]
Nicolas Sarkozy s'est rendu sur les lieux immédiatement après le drame. [KEYSTONE - Eric Cabanis]

Le mode opératoire de cette fusillade est similaire à celui utilisé par un tueur de militaires qui a sévi dans la région la semaine dernière et qui est devenu durant le week-end l'homme le plus recherché de France.

Des enquêteurs redoutaient depuis jeudi une nouvelle attaque du mystérieux tireur qui opère à scooter et n'hésite pas à tirer en plein jour dans des lieux très fréquentés.

"C'est la même arme" qui a été utilisée le 11 mars, lors du meurtre d'un militaire à Toulouse, puis quatre jours plus tard de deux autres militaires à Montauban, et enfin lundi lors de l'attaque contre un collège juif à Toulouse qui a fait quatre morts, a par ailleurs affirmé une source proche de l'enquête.

C'est également le même scooter volé qui a été utilisé lors des trois attaques, a indiqué une  autre source. Le scooter de type T-MAX de marque Yamaha a été dérobé à Toulouse, il y a plus d'une semaine, soit avant le premier meurtre.

Vives réactions

Les autorités israéliennes ont également très rapidement réagi. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a condamné "le meurtre odieux de Juifs, dont des petits enfants" après la fusillade. "Nous faisons confiance aux autorités françaises pour faire toute la lumière dans ce drame et traduire les responsables de ces meurtres en justice", a ajouté Yigal Palmor, un porte-parole des Affaires étrangères. "Nous suivons ce qui se passe avec émotion", a-t-il précisé.

Le Congrès juif européen a de son côté demandé lundi aux autorités françaises de "tout faire" pour retrouver l'auteur de la fusillade.

La communauté juive de France, la première en Europe avec 500'000 à 700'000 membres selon les estimations, a exprimé son horreur. "Je suis terriblement bouleversé et je pars immédiatement à Toulouse", a affirmé pour sa part le grand rabbin de France Gilles Bernheim. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Richard Prasquier a fait savoir qu'il se rendait sur place en compagnie du président de la République Nicolas Sarkozy (voir ci-contre).

Dans la rue Dalou, où se trouve le collège, de nombreux parents ou proches, souvent en pleurs, attendaient d'avoir des nouvelles. "Quelle explication? On est dans l'antisémitisme brutal ignoble", lançait un parent d'élève Charles Bensemhoun. Une femme à ses côtés se lamentait: "Maintenant, ils tirent sur des enfants".

Cette tuerie, qui a suscité l'effroi dans le pays, est la première visant des juifs en France depuis l'attentat de la rue des Rosiers à Paris qui avait fait 6 morts en 1982 dans un restaurant bien connu du quartier juif de la capitale.

Les principales réactions politiques:

Les principales réactions politiques
Les principales réactions politiques / L'actu en vidéo / 3 min. / le 19 mars 2012

agences/hof/hend

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Enquête ouverte après des lettres de menaces visant des synagogues parisiennes

Une enquête a été ouverte et confiée lundi à la police judiciaire de Paris après que deux synagogues de la capitale eurent reçu deux lettres de menaces au contenu identique, a indiqué une source proche de l'enquête sans faire de lien avec la tuerie de Toulouse.

Deux synagogues dans les VIIIe et XIXe arrondissements de Paris ont reçu, respectivement lundi matin et ce week-end, un courrier où il était mentionné: "Vous êtes le peuple de Satan, l'enfer vous attend", a indiqué cette source.

Condamnations internationales

L'ambassadeur américain à Paris "condamne fermement ces meurtres, comme les meurtres de soldats français la semaine dernière à Toulouse et Montauban", tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes "au nom du peuple américain".

Le Vatican a exprimé lundi sa "profonde indignation, son effarement, et sa condamnation la plus résolue". "L'attentat de Toulouse est un acte horrible et ignoble, qui s'ajoute à d'autres récents de violence absurde qui ont blessé la France", a déclaré un porte-parole du Vatican.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a souligné que "rien n'est plus intolérable que le meurtre d'enfants innocents".

Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a "condamné avec la plus grande fermeté cet acte qui est d'autant plus ignoble qu'il frappe de plein fouet une école et une communauté".

L'ambassade de Turquie à Paris a condamné "fermement et avec véhémence la tuerie survenue ce matin à Toulouse".

En Italie, des responsables de grands partis, UDC (démocrate-chrétien), Parti démocrate (PD, principale formation de la gauche) ou Peuple de la liberté (PDL), parti de Silvio Berlusconi, ont condamné l'attentat et dénoncé notamment l'antisémitisme.

Varsovie a dénoncé un "acte de terreur", et à La Haye, la protection a été renforcée autour de l'école juive Maïmonide.

Les victimes seront enterrées en Israël

Les ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé lundi soir que les corps des quatre victimes de la fusillade survenue dans la matinée dans une école juive de Toulouse seront emmenés dans l'Etat hébreu pour y être enterrés.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a précisé que son pays honorait ainsi une requête des familles des personnes tuées et que les corps seraient acheminés par avion en Israël dès que possible.