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"Couillons": tous contre Berlusconi

Swisscom, Migros et visite royale
Pour Berlusconi, ceux qui ne votent pas pour lui sont des "couillons".
Ce méprisant "couillons", lancé par Berlusconi à ses compatriotes séduits par son adversaire Romano Prodi, pourrait être le mot de trop du chef du gouvernement italien. Le débat fait rage sur le net.

Le dénouement est proche. Près de 50 millions d'électeurs sont
appelés au urnes dimanche et lundi pour trancher entre Silvio
Berlusconi et Romano Prodi. Et l'armée des "couillons" (qui
se défoule sur le net comme le montrent nos liens
ci-contre)
pourrait faire la différence.

L'insulte est devenue le "tormentone" de la fin de la campagne,
comme ces airs de musique répétés sans fin. Une scie qui pourrait à
la fin faire tomber Silvio Berlusconi et emporter également les
alliés politiques du chef du gouvernement.



"C'est le type de choses qui poussent les gens à aller voter", a
commenté vendredi Andrea Vannucci, un analyste politique. "Mais
c'est valable pour les deux camps", a-t-il souligné.

Les modérés feront la différence

"Il est possible et même probable qu'une partie de l'électorat
modéré réagisse à l'insulte en votant à gauche", estime pour sa
part l'ancien ministre démocrate-chrétien Vicenzo Scotti, chef du
Terzo Polo (Le Troisième Pôle), une nouvelle formation politique
qui ambitionne de fédérer les réformateurs modérés des deux
coalitions en lice.



Lancée mardi lors d'une réunion électorale avec les membres du
syndicat des commerçants, l'insulte s'est transformée en cri de
ralliement. "Sono un coglione, Je suis un couillon" est devenu un
slogan arboré ou brandi avec fierté pendant les meetings des partis
de la coalition de la gauche italienne. Il a filé sur les textos,
ces messages sur les téléphones portables, et anime les
conversations sur les blogs, les journaux sur l'internet.

Deux fois plus de couillons

"Nous gagnerons, parce que les couillons sont deux fois plus
nombreux que les têtes de noeuds", affirme ainsi Valentina,
d'Agrigente, sur le site www.sonouncoglione.com.



Marco Tarchi, professeur de sciences politiques à l'université de
Florence, juge sévèrement l'insulte proférée par Silvio Berlusconi,
mais reste prudent sur ses conséquences. "Il peut s'agir d'une
grave erreur, car je ne crois pas que ses sympathisants soient tous
des fanatiques qui apprécient ce genre de sortie", a-t-il
déclaré.

Et le respect?

"Ce mot a surtout fait faire mauvaise figure à Silvio Berlusconi
devant ses électeurs modérés", a-t-il estimé. Il a déplu à ses
alliés politiques, qui l'ont dit publiquement. "Tous les électeurs
méritent le respect", a ainsi affirmé jeudi devant la presse
étrangère à Rome le ministre des Affaires étrangères Gianfranco
Fini, chef du parti de droite Alliance nationale, soucieux de se
démarquer du chef du gouvernement.



L'insulte semble avoir été le mot de trop dans une campagne d'une
rare virulence. Elle a isolé Silvio Berlusconi, dont les
provocations tombent désormais dans le vide. Son rival Romano Prodi
a compris qu'il ne devait plus tomber dans le piège de les relever,
a commenté Oliviero Diliberto, patron du Parti des Communistes
italiens (PDCI).

Jugement sévère

Les excès de Silvio Berlusconi confirment le jugement sévère
porté contre lui par certains de ses alliés. Les plus virulents
sont membres du parti centriste UDC. "Je considère que Silvio
Berlusconi n'est pas le bon candidat pour diriger le centre-droit",
avait lancé l'année dernière Marco Follini, contraint ensuite de se
démettre de ses fonction de secrétaire général de l'UDC pour ce
crime de lèse-majesté afin d'éviter l'implosion de sa
formation.



Depuis, il attend son heure, mais ses amis, comme le député Bruno
Tabacci, ont continué la guérilla. "Cela fait un an que nous disons
que le phénomène Berlusconi est terminé. Il appartient maintenant
aux électeurs de se prononcer et selon ce qu'ils diront, nous
agirons", a ainsi lancé fin mars Bruno Tabacci.



agences/st

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"Le dîner de couillons"

- Les «couillons» italiens sont entrés en résistance contre le chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Ils s'invitent sur l'internet à «un dîner des couillons» samedi, à la veille des élections législatives.

- «Le mouvement 'je suis un couillon' vous invite à un dîner des couillons qui se tiendra samedi soir. Où ? Décidez vous même, avec vos amis, en vous réunissant autour d'une table pour fêter la veillée électorale. Ceux qui ne le feront pas sont de vrais couillons», appelle le blog www.sonouncoglione.splinder.com.

- M. Berlusconi a réveillé l'opposition citoyenne italienne avec son commentaire peu flatteur sur les électeurs de la gauche. «J'ai trop d'estime pour l'intelligence des Italiens pour penser qu'il y a autant de couillons qui peuvent voter contre leurs propres intérêts», a-t-il lancé mardi devant les membres du syndicat des commerçants italiens.

- La réaction a été immédiate et le mouvement «sonouncoglione» (je suis un couillon) est né. Ses inspirateurs se présentent comme diplômés en communication politique et résident palazzo Grazioli, dont un étage est la résidence romaine du chef du gouvernement.

- Le mouvement a appelé à un premier rassemblement le jour même de la déclaration de Silvio Berlusconi et depuis, il a gagné la péninsule avec des initiatives festives, qui tranchent avec la virulence de la campagne électorale faite d'insultes et d'attaques.

- «Que tous les couillons expriment leur vraie nature en collant un adhésif sur leur casque, sur leur moto, leur voiture, la poussette des enfants, partout où votre fantaisie de couillons vous inspire», a-t-il demandé.

- «Sincèrement, nous ne nous attendions pas à cette participation. En 24 heures, nous avons démontré que la communication politique peut être un espace de rencontre en mesure de partir de la base où on ne fait pas qu'écouter mais où on participe», ont souligné ses créateurs.