Alors que près d'un Suisse sur cinq n’est pas en mesure d’honorer une dépense inattendue de 2000 francs, Hugo Fasel a déploré jeudi dans le Journal du Matin le manque de prise de conscience au sein des sphères politiques: "La pauvreté est une réalité. Les personnes qui ne peuvent pas régler une facture de dentiste doivent tous les jours se poser la question du lendemain. Or, encore aujourd'hui, trop de politiciens affirment qu'il n'y a pas de pauvreté dans notre pays."
S'il était tabou de parler de pauvreté il y a encore dix ans, des chiffres émergent peu à peu à présent. Un changement que salue le directeur de Caritas Suisse, soulignant toutefois l'absence de mesures coordonnées dans la lutte contre le phénomène. "La Confédération renvoie la balle aux cantons, qui eux-mêmes la renvoie en partie aux communes", regrette-t-il.
Pour une péréquation sociale
Que faire dès lors pour empoigner au mieux ce problème latent? Hugo Fasel prêche pour une politique nationale de lutte contre la pauvreté: "Pour réagir, il faut des mesures de la Confédération dans de nombreux domaines, à l'instar de la formation continue ou du logement".
Pour l'ancien conseiller national PCS, une péréquation sociale devrait en outre permettre de "mieux répartir les familles pauvres entre les communes". Un système déjà mis en place dans certains cantons, "mais malheureusement pas partout".
Plus encore, c'est toute la vision de la prospérité helvétique qui devrait être repensée alors que l'idée d'une vigueur économique profitable à l'ensemble de la population reste très ancrée. "C'est totalement faux, s''insurge Hugo Fasel. Les riches deviennent toujours plus riches et les pauvres encore plus pauvres."
kg