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Internement à vie requis pour le meurtrier présumé de Lucie

Procès de Lucie [Linda Graedel]
Le compte rendu de l’audience de mardi / Forum / 2 min. / le 28 février 2012
A l'ouverture de son procès mardi en Argovie, l'assassin présumé de la jeune Fribourgeoise a reconnu un acte "bestial". Verdict mercredi.

Le procureur a requis mardi l'internement à vie pour assassinat contre le meurtrier de Lucie. Selon l'accusation, le prévenu a agi "sans aucun scrupule". On ne peut presque pas imaginer un crime "plus violent et plus brutal", a souligné le procureur. Les plaidoiries et le jugement sont attendus mercredi.

Cet homme ne doit plus jamais sortir de prison car il est non seulement extrêmement dangereux, mais c'est aussi un manipulateur, a déclaré le procureur général Dominik Aufdenblatten. Une thérapie n'aurait pas de chance de réussir, il doit donc être interné à vie. Le prévenu savait aussi que la consommation d'alcool et de drogue le rendait agressif: il avait déjà commis un délit dans des circonstances similaires.

Le père fond en larmes

A la demande de la défense, les parents de Lucie ont été interrogés. Le père a fondu en larmes. Il a déclaré avoir reçu un soutien populaire, mais pas de la police pendant ces jours qu'il qualifie d'horribles. Après la disparition de leur fille, ils ont vécu des moments d'angoisse et d'espoir, a indiqué la mère.

En apprenant la mort de Lucie, un monde s'est écroulé. "C'est comme si j'étais aussi morte", a-t-elle déclaré. Le procès du meurtrier s'est ouvert mardi à Untersiggenthal (AG) presque trois ans jour pour jour après la mort de Lucie. Le prévenu est arrivé au tribunal dans un fourgon de police. D'importantes mesures de sécurité ont été prises.

"Bestial et épouvantable"

Interrogé en début d'audience par le président du tribunal, le prévenu a qualifié son acte de "bestial et épouvantable". Il a ensuite raconté la journée du 4 mars 2009 avec calme. Conscient qu'il ne pouvait plus contrôler sa consommation d'alcool et de drogue, il avait contacté un service spécialisé peu avant le meurtre.

Le meurtre de la jeune Lucie avait ému la population fribourgeoise qui s'est mobilisée à de nombreuses reprises. [KEYSTONE - Dominic Favre]
Le meurtre de la jeune Lucie avait ému la population fribourgeoise qui s'est mobilisée à de nombreuses reprises. [KEYSTONE - Dominic Favre]

Il s'est ensuite présenté à une clinique qui lui a refusé l'entrée car il avait une heure de retard pour son rendez-vous. Le prévenu n'a pas pu expliquer certains détails du crime. Il n'a pas été capable de dire pourquoi il avait frappé avec autant de force la tête de Lucie avec une barre d'haltère. Il ne comprend pas la présence de sperme et d'urine sur le corps de la jeune fille.

Il n'y a pas eu de dispute avant qu'il tue Lucie. La jeune fille avait remarqué que la séance de photos qu'il lui avait fait miroiter n'était qu'une tromperie et ça l'a rendu "agressif". Il a alors voulu expulser la jeune fille de son appartement. Mais Lucie est revenue pour discuter de toute cette histoire. Il l'a alors frappée avec une barre d'haltère.

"Je regrette profondément"

Le prévenu reconnaît sa culpabilité: "Je regrette profondément. Je pense presque chaque soir à mon acte", a-t-il déclaré. Deux experts psychiatres, qui ont réalisé chacun une expertise, ont présenté leurs conclusions au sujet du meurtrier. Selon eux, une thérapie est en principe possible, mais elle aurait peu de chance de succès.

Pour les deux experts, le prévenu est d'une intelligence machiavélique. C'est un manipulateur qui présente des troubles de la personnalité et a une relation perturbée avec les femmes. Ils ont aussi rappelé sa consommation de drogue. Pour l'un des experts, une thérapie durerait entre 10 et 15 ans. Mais il n'est pas certain que le patient puisse être "atteint". Les deux psychiatres estiment aussi que le prévenu a répondu à des pulsions sexuelles, ce que le meurtrier nie.

ats/pbug

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Stratagème rodé

Les faits remontent au 4 mars 2009. Alors âgé de 25 ans, l'homme se rend à Zurich depuis son domicile de Rieden-bei-Baden pour se procurer de la cocaïne.

Avant de reprendre le train pour rentrer, il aborde Lucie à la gare centrale de Zurich. Il lui fait miroiter un salaire de 500 francs en tant que modèle photo pour des bijoux. Agée de 16 ans, la jeune fille au pair auprès d'une famille à Pfäffikon (SZ) a congé ce jour-là: elle accompagne l'accusé et se rend chez lui.

Le prévenu avait usé de ce stratagème au moins 110 fois depuis janvier 2009 pour impressionner des femmes.

Dans son appartement, il frappe Lucie de plusieurs coups à la tête avec la barre d'une haltère, puis lui tranche la gorge avec un couteau de cuisine. Son but est de retourner en prison après y avoir passé quatre ans, de 2004 à 2008. L'homme ne voyait plus de sens à sa vie: il avait perdu son emploi et son couple était en crise.

Après avoir rendu visite une dernière fois à ses parents, il se rend à la police municipale de Zurich, quatre jours après les faits et avoue son acte. Entretemps, la police argovienne avait émis un mandat d'arrêt contre lui.

Une thérapie est possible

Deux experts psychiatres, qui ont réalisé chacun une expertise, ont présenté leurs conclusions au sujet du meurtrier. Selon eux, une thérapie est en principe possible, mais elle aurait peu de chance de succès.

Pour les deux experts, le prévenu est d'une intelligence machiavélique. C'est un manipulateur qui présente des troubles de la personnalité et a une relation perturbée avec les femmes. Ils ont aussi rappelé sa consommation de drogue.

Pour l'un des experts, une thérapie durerait entre 10 et 15 ans. Mais il n'est pas certain que le patient puisse être "atteint".

Composantes sexuelles

Les juges ont également voulu savoir si des composants d'ordre sexuel ont joué un rôle dans le meurtre de Lucie. Le prévenu nie avoir répondu à des pulsions de cet ordre.

Pour les experts, plusieurs éléments indiquent le contraire. Le prévenu explique quant à lui avoir eu pitié de Lucie.

Internement à vie

Interrogés par le président du tribunal sur un internement à vie, les experts ne se sont pas prononcés. Selon eux, il est difficile en psychiatrie d'émettre des diagnostics à très long terme.