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Nouveaux dysfonctionnements dénoncés à la Cité du Genévrier à Saint-Légier (VD)

La Cité du Genévrier à Saint-Légier (VD). [Google Street View]
De nouveaux cas de maltraitance dénoncés à la Cité du Genévrier / Forum / 3 min. / le 28 mars 2018
L'affaire des dysfonctionnements au sein de la Cité du Genévrier à Saint-Légier (VD) prend de l'ampleur. Après des cas de maltraitance révélés par la RTS la semaine dernière, d'autres accusations ont émergé. Un audit est en cours.

La Cité du Genévrier, institution vaudoise qui accueille à Saint-Légier quelque 200 résidents en situation de handicap mental, est depuis mercredi dernier au coeur d'accusations de maltraitance.

>> Lire : Une institution vaudoise accusée de maltraitance sur de jeunes autistes

Or, après la diffusion de témoignages, d'autres accusations ont émergé. Une dizaine de personnes - familles, éducateurs actuels ou anciens - ont contacté la RTS pour dénoncer maltraitances et mauvaises conditions de travail. Tous font état d'un même constat: il y a un problème dans cette institution, qui va au-delà du groupe Le Baobab qui réunissait six jeunes autistes, dans lequel l'affaire a éclaté.

Trois plaintes au total

Un total de trois plaintes ont en effet été déposées auprès de la commission des plaintes de l'Etat de Vaud contre la Cité du Genévrier. Au-delà de la plainte de parents du Baobab - qui dénonçaient des cas de maltraitance et de négligence - une autre plainte a été déposée l'an dernier par les parents d'une résidente. Ils estimaient que leur fille avait subi des violences psychologiques et un manque d'accompagnement dans cette institution. La troisième plainte, déposée début 2017, émane d'une femme, tutrice de son frère, qui dénonce notamment des décisions prises de manière unilatérale et un sentiment d’insécurité pour ce résident.

Des parents et éducateurs mettent en outre le doigt sur des dysfonctionnements, des attitudes qu'ils jugent choquantes et qui auraient cours encore actuellement. Les témoignages recueillis font état de croche-pieds aux résidents, de suppressions de petits-déjeuners en dehors des horaires, d'une résidente changée une seule fois par jour, ou d'un manque d'attention aux résidents, qui restent cloîtrés dans leur chambre.

Conditions de travail dénoncées

Mais certains parents se sont également manifestés pour faire part de leur satisfaction, surpris d'entendre les accusations portées contre l'institution. Quatre familles ont contacté la RTS pour dire qu'elles se sentaient à l'écoute de la direction et qu'elles appréciaient le travail des éducateurs.

Parmi ces professionnels, toutefois, des voix s'élèvent qui dénoncent les conditions de travail. Des éducateurs décrivent un climat d’intimidation du personnel, des sanctions injustifiées, des licenciements qu'ils jugent abusifs, un manque général de respect pour l’intégrité et la santé des salariés. Ils ont tenté de dialoguer avec leurs supérieurs, mais, disent-ils, sans succès.

La RTS a obtenu la copie de trois lettres envoyées à la direction. Quatre autres sont également parvenues au Département de la santé et de l'action sociale, dirigé par le ministre Pierre-Yves Maillard. Par ailleurs, une pétition du syndicat SUD été envoyée en 2016 au département, avec 37 signatures d'employés.

Audit RH en cours

L'autorité de surveillance, la CIVESS, a alors organisé, en août 2017, un contrôle dans l'institution qui a révélé certains dysfonctionnements. Selon le Service de prévoyance et d'aide sociale de l'Etat de Vaud, il s'agissait d'enquêter sur les conditions de travail. Ils ont alors constaté que certains groupes connaissaient un important roulement du personnel.

Pour voir si le problème était plus profond, un audit a été commandé, en accord avec l'institution. Il s'agit de consulter les employés anonymement, de définir les problèmes et d'analyser les méthodes de management. Lancé en décembre dernier, l'audit est toujours en cours.

Contacté, le directeur de l'institution Eric Haberkorn regrette les allégations qui sont faites. Il réfute toute accusation de maltraitance et dit vouloir attendre les résultats des différentes enquêtes.

Concernant les employés, il estime être ouvert au dialogue. En 2016, une quarantaine d'occasions ont été proposées aux collaborateurs pour échanger avec la direction. Il dit par ailleurs ne pas être au courant de la pétition lancée en 2016 et précise qu'en 10 ans, il a été confronté à un seul cas relevant des prud'hommes.

Bastien Confino et Tania Barril/kkub

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"La maltraitance ne sera pas tolérée"

Interrogé dans l'émission Forum mercredi, Pierre-Yves Maillard, ministre vaudois de la santé et de l'action sociale, a réagi à ces nouvelles révélations. "Dans ce genre d'accusations, très graves, des gens témoignent à charge, d'autres à décharge. Des institutions sont en place, et travaillent actuellement pour essayer d'offrir une vision objective de la situation", explique-t-il, indiquant que l'audit sur la Cité du Genévrier allait se prolonger encore jusqu'au mois de mai.

"La maltraitance ne sera pas tolérée", assure-t-il. "Nous voulons faire choses à fond, s'il y a des choses à corriger, nous le ferons."

Le ministre rappelle également que l'Etat n'a de pouvoir d'action sur les conditions de travail dans les institutions que si elles ont un impact sur les résidents. "Mais dans ces cas-là, l'Etat peut aller jusqu'à retirer l'autorisation d'exploitation, ce qui représente un levier de pression très important dans le dialogue avec l'institution."

"On est capable de prendre des décisions, mais elles doivent être objectivées par des enquêtes indépendantes", conclut-il.