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Des centaines de migrants hébergés dans des familles romandes

L'Etablissement vaudois d’accueil des migrants héberge plus de 200 réfugiés mineurs dans cinq foyers (image prétexte).
L'Etablissement vaudois d’accueil des migrants héberge plus de 200 réfugiés mineurs dans cinq foyers (image prétexte).
A l'heure où le projet bénévole d'accueil de migrants à Fribourg vient de passer le cap des 100 personnes hébergées, d'autres initiatives similaires existent en Suisse romande. Mais toutes n'ont pas remporté le même succès.

Lancé en 2015, le projet fribourgeois "Osons l'accueil!", qui vise à encourager l'hébergement de migrants dans des familles, a permis l'accueil de 101 personnes dans 55 foyers: "Nous avons reçu 99 propositions", se réjouit Bernard Huwiler, initiant du programme.

Au total, ce sont 40 adultes seuls qui ont été accueillis, ainsi que cinq couples et plusieurs familles, pour des périodes de trois mois à des durées indéterminées: "Ce sont tous des requérants d'asile qui n'ont pas encore obtenu le statut de réfugié", commente Claudia Lauper, porte-parole de la Direction de la santé et des affaires sociales. Entièrement bénévole, ce projet prévoit un défraiement de 100 francs par mois aux familles d'accueil.

"Osons l'accueil!" souhaite élargir le programme aux mineurs non accompagnés (MNA), actuellement placés dans des centres collectifs: "C'est un gros défis, notamment juridique", explique Bernard Huwiler.

Une trentaine de migrants en familles d'accueil à Genève

Dans le canton de Genève, le projet de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), mené en collaboration avec l’Hospice général, complète d’autres solutions également développées par l’Hospice général, tel que l'hébergement de personnes réfugiées dans des chambres et appartements mis à disposition par des privés, les communes et les paroisses.

Au total, 27 migrants sont actuellement placés dans 17 familles d'accueil, dont 14 par le biais du programme de l'OSAR et 13 par l'intermédiaire de l'Hospice général.

>> Lire aussi : Bilan en demi-teinte pour le projet genevois d'accueil de réfugiés

Cinquante familles vaudoises

Dans le canton de Vaud, ce sont 50 foyers privés qui avaient accueilli, à la fin décembre, quelque 130 migrants par le biais du programme de l'OSAR (23 personnes dans 17 familles) et via l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM).

Nicolas Rouge, municipal à Giez a initié le projet "Un village une famille". Huit agglomérations ont permis l’hébergement de 35 personnes. Le concept prévoit l’accueil des migrants dans des logements mis à disposition par des communes ou par un comité de soutien. 

Neuchâtel: 24 mineurs non accompagnés placés dans des familles

Alors que le canton de Neuchâtel s'était initialement intéressé au projet de l'OSAR, il a finalement décidé de l'abandonner "faute de ressources", explique le Service des migrations (SMIG).

Le canton a toutefois lancé un programme centré sur les MNA qui a permis la prise en charge de 24 jeunes entre 16 et 17 ans par 23 ménages. "Une trentaine de familles se sont proposées", se réjouit Christian Fellrath, chef du Service de la protection de l'adulte et de la jeunesse.

Politique du parrainage en Valais

En Valais, seules "quatre ou cinq familles" accueillent actuellement un requérant d'asile. Il faut dire que le canton a décidé d'abandonner momentanément le concept l'an dernier pour se laisser plus de temps.

Le Valais n'est pas confronté à la problématique du logement des réfugiés dans les abris PC, du coup le caractère urgent s'est moins fait sentir

Roger Fontannaz, chef de l'Office valaisan de l'asile

Fort de 450 bénévoles engagés dans la prise en charge des requérants d'asile, le canton a préféré opter pour une politique de parrainage: "Le Valais n'est pas confronté à la problématique du logement des réfugiés dans les abris PC (contrairement à Genève par exemple, ndlr), du coup le caractère urgent s’est moins fait ressentir par rapport à certains cantons latins", rapporte Roger Fontannaz, chef de l'Office valaisan de l'asile. Ce dernier précise toutefois que l'accueil familial représente un objectif à plus long terme.

Phénomène marginal dans le Jura

Dans le canton du Jura, parmi les 950 personnes prises en charge par l’Association jurassienne d’accueil des migrants (AJAM), seuls "trois ou quatre" MNA de moins de 16 ans logent chez des privés: "Nous avions reçu six propositions", précise le directeur de l'AJAM Francis Charmillot.

L'accueil de migrants adultes n'a pas remporté de succès dans le canton. Non pas par manque de familles intéressées, mais par manque de candidats, explique le responsable: "Il y a eu quelques propositions d'accueil émanant de villages périphériques, mais les migrants se sont montrés peu intéressés." Et de préciser: "Il faut dire aussi que nous avons un parc immobilier dans le Jura qui est suffisamment grand - soit 160 appartements - pour loger ces personnes."

Mathieu Henderson

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"Nous comptons sur un effet boule de neige"

Lors du lancement de son projet "Familles d'accueil" en 2016, l'Organisation d'aide aux réfugiés (OSAR), plusieurs critiques ont visé les conditions de base d'accueil, notamment celles exigeant une salle de bain privative pour la personne réfugiée. L'OSAR a ainsi revu ses critères: "On demande simplement aux familles une chambre meublée, disponible pour 12 mois", expliquait à la RTS Julia Vielle, cheffe de projet, en novembre dernier.

L'initiative n'est-elle pas une goutte d'eau par rapport aux dizaines de milliers de demandeurs d'asile en Suisse? "C'est un projet d'intégration sur le long terme, ce n'est pas une solution d'urgence. Cela ne concerne peut-être que quelques personnes, mais le projet a un effet boule de neige", répondait encore Julia Vielle.

>> L'interview de Julia Vielle: