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L'Iran n'est pas "vivable pour les femmes", déplore une requérante d'asile déboutée

Manifestations et répression enflamment Téhéran, pourtant une famille iranienne a reçu son avis de renvoi
Manifestations et répression enflamment Téhéran, pourtant une famille iranienne a reçu son avis de renvoi / 19h30 / 2 min. / le 25 octobre 2022
Les renvois des demandeuses d'asile iraniennes déboutées ne sont pour l'heure pas suspendus, alors que les manifestations contre le régime de Téhéran se poursuivent. La RTS a rencontré une jeune exilée, qui doit quitter la Suisse. Elle assure qu'elle est en danger si elle retourne dans son pays.

Maryam a à peine 16 ans lorsqu'elle fuit l'Iran. Elle arrive en Suisse en 2018 et sa mère la rejoint un an plus tard.

"On a décidé de quitter l'Iran, parce qu'on y est en danger", explique la gymnasienne. "Ce n'est pas un pays vivable pour les femmes. Moi aussi, j'ai été victime de la police des mœurs, quatre fois peut-être", raconte-t-elle mardi dans le 19h30.

Une fois en Suisse, la famille dépose une demande d’asile. Deux recours plus tard, la décision finale tombe: l'asile leur est refusé et elles devront quitter la Suisse.

Opposition depuis la Suisse

Le risque de ce renvoi n’empêche pas Maryam et sa mère de s’engager publiquement en Suisse contre le régime de son pays.

"A cause du hijab obligatoire, les femmes sont soit battues dans les voitures de police, soit violées dans les prisons", tempêtait-elle lors d'un discours prononcé il y a quelques semaines.

"Cela met bien sûr en danger de faire des manifestations ici", reconnaît-elle. "Mais je n'ai rien à perdre. J'étais contre le régime quand j'étais en Iran. Je suis déjà en danger", souligne la jeune femme.

>> Lire aussi : De rares images venues d'Iran racontent la répression de l'intérieur

Les renvois vers l'Iran maintenus

Depuis plus d’un mois, l'Iran tremble au rythme des manifestations et de leur répression. Malgré ce contexte violent, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) confirme que les renvois ne sont pas suspendus, sans pour autant commenter le cas de Maryam et de sa mère.

"Il n'y a pas de cas de violences généralisées, comme c'est le cas au Yémen ou en Syrie", déclare Anne Césard, porte-parole du SEM. "Le seul fait de participer à une manifestation, que ce soit en Iran ou en Suisse, ne suffit pas à obtenir la qualité de réfugié. Il faut faire l'objet d'une persécution personnelle", explique-t-elle.

Amnesty réclame de la prudence

Pour l'ONG Amnesty international Suisse, la situation appelle à prendre des précautions en ce qui concerne le renvoi des Iraniens et Iraniennes.

"Si ces personnes militent publiquement ici, sont visibles dans nos médias, prennent position contre le régime ou sur des droits fondamentaux, par exemple pour le droit des femmes ou contre la peine de mort, elles sont en danger là-bas si elles sont renvoyées", assure Pablo Cruchon, le responsable de campagnes asile et migration chez Amnesty International Suisse. "Il faut donc être extrêmement prudent avec ces gens-là", conclut-il.

Pour Maryam et sa mère, il est difficile de dire de quoi sera fait l'avenir. Elles vivent avec la crainte d'un renvoi forcé et l'espoir continuer à vivre en Suisse.

Sujet TV: Juliette Jeannet

Adaptation web: ami avec afp

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En Iran, la colère gronde toujours

Des étudiants ont manifesté mardi dans plusieurs universités à travers l'Iran. Les tensions restent vives à la veille de cérémonies qui devraient marquer le 40e jour après la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini.

La jeune femme de 22 ans était décédée trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, où le voile est obligatoire pour toutes les femmes dans l'espace public.

Lourd bilan

La répression des protestations ont fait au moins 141 morts, dont des enfants, selon un nouveau bilan révélé mardi par l'Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo.

Par ailleurs, la ville de Zahedan, dans la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), a été touchée par plusieurs jours de violences déclenchées le 30 septembre lors de manifestations contre le viol d'une jeune fille imputé à un policier, qui ont fait au moins 93 morts selon l'IHR.

Mardi, deux membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont été tués par balle par des inconnus à Zahedan, selon l'agence de presse Tasnim. Ces décès portent à huit le nombre de membres des forces de sécurité tués au Sistan-Baloutchistan.