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Les femmes afghanes "temporairement" exclues des universités par les talibans

Les femmes afghanes expriment leur colère après que les talibans leur ont fermé les portes des universités
Les femmes afghanes expriment leur colère après que les talibans leur ont fermé les portes des universités / 19h30 / 1 min. / le 22 décembre 2022
Les autorités talibanes ont annoncé mardi que les universités afghanes étaient désormais interdites aux femmes pour une "durée indéterminée". Les filles étaient déjà privées d'enseignement secondaire depuis l'accession au pouvoir des fondamentalistes, malgré leurs déclarations cet été.

Dans une lettre adressée à toutes les universités gouvernementales et privées du pays, le ministre de l'Enseignement supérieur a ordonné de "suspendre l'éducation des femmes jusqu'à nouvel ordre". Le porte-parole du ministère, qui a tweeté la lettre, a également confirmé l'ordre auprès de l'AFP. Aucune explication n'a été fournie pour le moment pour justifier cette décision.

L'interdiction de l'enseignement supérieur intervient moins de trois mois après les examens d'entrée à l'université dans tout le pays, que des milliers de jeunes femmes ont passé, malgré l'interdiction d'accès aux écoles secondaires.

Exclusion de la vie publique

A leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans avaient promis de se montrer plus souples sur les interdits religieux sexistes. Mais ils sont largement revenus à leur doctrine ultra-rigoriste qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001). Les mesures liberticides se sont multipliées, en particulier à l'encontre des femmes qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues de l'éducation.

Le chef suprême des talibans, Haibatullah Akhundzada, est lui-même intervenu dans la décision de fermer les écoles secondaires pour les filles en mars, selon un haut responsable taliban.

>> Lire à ce sujet : Les talibans tournent casaque sur l'ouverture des collèges aux filles

Divers membres du pouvoir ont déclaré qu'il n'y avait pas assez d'enseignants ou d'argent mais aussi que les écoles rouvriraient une fois qu'un programme d'enseignement islamique aurait été élaboré.

Mais en dépit de leur exclusion des collèges et lycées, de nombreuses jeunes femmes s'étaient déplacées début décembre à Kaboul pour passer leur examen de fin d'études secondaires, nécessaire pour pouvoir prétendre rentrer à l'université.

afp/jop

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Gardes armés à l'entrée des campus

Mercredi, des gardes armés empêchaient des centaines de jeunes femmes d'entrer dans les campus universitaires. Des journalistes de l'AFP ont notamment vu un groupe d'étudiants rassemblés devant les grilles fermées de l'entrée de l'université à Kaboul. "Nous sommes condamnées, nous avons tout perdu", a indiqué une étudiante qui a souhaité rester anonyme.

Les hommes présents partageaient également la détresse des étudiantes. "Cela illustre leur analphabétisme et leur ignorance de l'islam, ainsi que le peu de respect pour les droits humains", a déploré un étudiant, lui aussi sous couvert d'anonymat.

"L'espoir nous a été enlevé. Ils ont enterré nos rêves", a commenté pour sa part, désespérée, une autre étudiante.

Des gardes armés restreignent l'accès à l'Université de Kaboul mercredi 21 décembre. [Reuters - Ali Khara]
Des gardes armés restreignent l'accès à l'Université de Kaboul mercredi 21 décembre. [Reuters - Ali Khara]

Nombreuses mesures misogynes

En Afghanistan, les fonctionnaires de sexe féminin sont désormais également exclues de la plupart des emplois publics ou payées une misère pour rester à la maison.

Les femmes n'ont pas le droit non plus de voyager sans être accompagnées d'un parent masculin et doivent se couvrir d'une burqa ou d'un voile islamique lorsqu'elles sortent de chez elles.

En novembre, les talibans leur ont également interdit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.

Manifestations mouvementées

Les manifestations de femmes contre ces mesures, qui rassemblent rarement plus d'une quarantaine de personnes, sont devenues risquées. De nombreuses manifestantes ont été arrêtées et les journalistes sont de plus en plus empêchés de couvrir ces rassemblements.