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Fâchée par un tweet, la Chine livre un match sans merci contre la NBA

La NBA boycottée en Chine suite à un tweet de soutien à Hong Kong.
La NBA boycottée en Chine suite à un tweet de soutien à Hong Kong. / 19h30 / 2 min. / le 9 octobre 2019
Le torchon brûle entre Pékin et la ligue américaine de basket à la suite d'un tweet de soutien à Hong Kong publié vendredi. Une situation qui agace les Etats-Unis et qui pourrait coûter cher à la célèbre NBA.

Une rencontre de fans de basket annulée mercredi à Shanghai, les diffusions de matches de la NBA bloquées en Chine... A Pékin, les autorités ne décolèrent pas après la publication d'un tweet le 4 octobre par le dirigeant des Houston Rockets, Daryl Morey.

"Battez-vous pour la liberté. Soutenez Hong Kong", indiquait le message qualifié de "commentaires déplacés" par la ville de Shanghai dans un communiqué cité par l'AFP. Posté sur le réseau social, le message met le feu aux poudres juste avant l'ouverture de la saison et alors que les stars de la NBA sont en pleine tournée asiatique.

Durant le week-end, la ligue de basket chinoise et les télévisions d'Etat annoncent le boycott des matches des Rockets. Une tournure politique qui n'arrange pas les affaires de la la NBA qui tente de s'implanter sur l'immense marché chinois où elle bénéficie d'une énorme popularité.

Rétropédalage en chaîne

Conséquence? Lundi, le joueur des Houston Rockets James Harden doit se fendre d'un point presse à l'entraînement, visiblement embarrassé. "Nous nous excusons... Vous savez, nous aimons jouer ici, nous y venons une ou deux fois par an. Ils nous montrent beaucoup d'amour. Nous apprécions ces fans", déclare-t-il.

Quant au manager de l'équipe -par lequel la polémique est arrivé- Daryl Morey, il tente une justification sur Twitter. "Je ne voulais causer aucun tort aux fans des Rockets et à mes amis en Chine", écrit-il, précisant à quel point il a toujours apprécié le soutien des fans et des sponsors chinois qu'il n'avait "pas l'intention de contrarier".

"Mes propos n'engagent que moi et n'engagent en aucun cas les Rockets ou la NBA", ajoute Daryl Morey. De son côté, la ligue de basket communique à son tour des excuses dans l'espoir sans doute d'éteindre l'incendie.

Elus piqués au vif

Tout aurait pu s'arrêter là si la classe politique américaine ne s'en était pas mêlée. "Ca va plus loin que la seule NBA. Il s'agit de la capacité de la Chine à bloquer la liberté d'expression aux Etats-Unis", estime le sénateur républicain Marco Rubio.

La seule chose dont la NBA devrait s'excuser, c'est de sa façon flagrante de faire passer les profits avant les droits de l'Homme

Beto O'Rourke, démocrate

Face à cette levée de boucliers, le patron de la ligue américaine de basket, Adam Silver, tente de rectifier le tir mardi. "Nous ne nous excusons pas qu'un manager utilise sa liberté d'expression. Et je regrette, après avoir discuté avec beaucoup d'amis en Chine, qu'autant de personnes soient fâchées", déclare-t-il. Il n'en faut pas plus pour mettre encore un peu plus d'huile sur le feu. La presse chinoise fustige la volte-face de la NBA et l'accuse de servir "l'ingérence américaine" à Hong Kong.

Dans un éditorial, le quotidien officiel China Daily estime que les propos d'Adam Silver montrent que le communiqué "mielleux" d'abord publié par la NBA n'était "rien d'autre qu'une tentative d'éviter l'hémorragie de ses profits en Chine". Un cafouillage immense qui rappelle à tous que dollars et liberté d'expression ne font pas toujours bon ménage.

Sujet TV: Gaspard Kühn (aux Etats-Unis)

Adaptation web: Juliette Galeazzi

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UBS, Givenchy ou South Park ont aussi fait les frais de la susceptibilité de Pékin

La NBA n'est pas la première à subir les foudres de Pékin. Pas plus tard que l'été dernier, la banque suisse UBS s'est retrouvée dans la tourmente après des propos sur les cochons chinois tenus par son chef économiste monde, Paul Donovan, dans un podcast. Dans les jours qui ont suivi ces déclarations, perçues comme racistes par certains, et malgré les excuses d'UBS, certains courtiers ont suspendu leur collaboration avec la banque. UBS a finalement cédé et écarté Paul Donovan.

De la même façon, les marques de luxe Coach, Givenchy et Versace ont dû présenter leurs excuses à la Chine pour des t-shirts laissant supposer que Taïwan et Hong Kong ne feraient pas partie de la Chine. Quant à la marque allemande, Mercedes, elle a aussi dû reculer après avoir utilisé une citation du dalaï lama dans une de ses publicités.

Quant aux créateurs de South Park dont l'épisode "Band in China" sur les méthodes de censure en Chine a été banni sur le territoire chinois de l'internet chinois, ils ont pour leur part décidé de présenter leurs excuses avec humour.

Watch the full episode - https://t.co/oktKSJdI9i@THR article - https://t.coXrtmnwCJB pic.twitter.com/Xj5a1yE2eL

— South Park (@SouthPark) October 7, 2019