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L'ex-avocat de Donald Trump plaide coupable et met le président en cause

Deux proches de Donald Trump dans la tourmente judiciaire
Deux proches de Donald Trump dans la tourmente judiciaire / 12h45 / 2 min. / le 22 août 2018
L'étau se resserre sur Donald Trump. Son ancien avocat, Michael Cohen, a plaidé coupable mardi et mis directement en cause le président américain. Simultanément, son ex-chef de campagne, Paul Manafort a été déclaré coupable de fraude.

A New York, Michael Cohen a plaidé coupable de huit chefs d'accusation, notamment de fraude fiscale, d'escroquerie bancaire et de violation des lois sur le financement des campagnes électorales.

L'homme de 51 ans a déclaré avoir organisé des paiements sur ordre de Donald Trump avant l'élection présidentielle de 2016 pour réduire au silence deux femmes qui disaient avoir eu une liaison avec le candidat républicain.

L'un, d'un montant de 130'000 dollars, était destiné à l'actrice et réalisatrice de films pornographiques Stormy Daniels. L'autre, de 150'000 dollars, a été fait à l'ancienne mannequin de Playboy Karen McDougal.

Coup dur pour Donald Trump

L'ex-avocat n'a pas cité le nom de Donald Trump à l'audience, mais son avocat, Lanny Davis, a déclaré par la suite qu'il faisait référence au président.

Le coup est d'autant plus spectaculaire qu'il vient d'un ancien fidèle du président, gardien d'une partie de ses secrets, qui a travaillé pendant plus de dix ans pour le magnat de l'immobilier new-yorkais.

Ex-chef de campagne coupable de fraude

Quasiment au même moment, le tribunal d'Alexandria, près de Washington, a reconnu Paul Manafort, un ancien directeur de campagne de Donald Trump, coupable de fraude bancaire et fiscale.

>> Les explications dans La Matinale :

Paul Manafort lors d'une précédente audience à Washington, le 15.06.2018. [EPA/Keystone - Michael Reynolds]EPA/Keystone - Michael Reynolds
L'ex-chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a été condamné pour fraude / Audio de l'info / 2 min. / le 22 août 2018

Le jury n'a prononcé qu'un verdict partiel, ne parvenant pas à s'accorder sur dix des 18 chefs d'accusation pesant contre l'ancien sulfureux lobbyiste. Un second procès l'attend le 17 septembre à Washington, qui devrait préciser la nature de ses relations avec la Russie de Vladimir Poutine.

"Je me sens très triste", a réagi le président américain, en marge d'un déplacement en Virginie occidentale, au sujet de Paul Manafort, un "homme bien". Il a en revanche soigneusement éludé toutes les questions sur Michael Cohen.

>> Lire aussi : Donald Trump discrédite son ex-avocat, l'accusant d'avoir "inventé" des faits

agences/mh

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Un grand écho médiatique

L'affaire fait grand bruit aux Etats-Unis, où l'ensemble des médias titre sur ces affaires, avec par exemple, ce titre choc et révélateur de l'éditorial du New York Times: "All the President's Crooks" - "Tous les escrocs du président"- qui est aussi une référence directe à un célèbre titre de film "Tous les hommes du président" sur l'affaire du Watergate. Dès le début de l'enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller, le président Trump, note le quotidien, a tout fait pour discréditer son travail et son intégrité. Or voilà que l'avocat même du président l'accuse, sous serment, d'avoir commis un délit.

Michael Cohen - l'homme qui avait affirmé qu'il serait prêt à se faire tirer dessus pour protéger Donald Trump - cet homme, estime le Wall Street Journal, vient d'infliger un très sérieux coup à son ancien patron en l'impliquant dans un crime fédéral.

Les affirmations de Michael Cohen n'auront probablement pas de conséquences légales pour Donald Trump tant qu'il est à la Maison Blanche, selon le Washington Post. Le journal cite des expertises juridiques en 1973 et en 2000 qui avait conclu que selon la Constitution, un président en exercice ne pouvait pas faire l'objet d'une inculpation pénale. Par contre, cela pourrait relancer les appels à l'impeachment du président. Certains élus démocrates y pensent, mais vont sans doute attendre les élections de mi-mandat en novembre avant d'éventuellement lancer cette procédure.
Patrick Chaboudez

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