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En Russie, les restes du dernier tsar divisent, 100 ans après son exécution

Nicolas II (1868 – 17 July 1918), dernier tsar de Russie. [afp]
Nicolas II (1868 – 17 July 1918), dernier tsar de Russie. - [afp]
Avec le centenaire de l'exécution du dernier tsar par les bolchéviques, c'est un rare conflit entre l'Etat russe et la puissante Eglise orthodoxe qui refait surface: que faire des restes présumés de la famille impériale?

Le patriarche orthodoxe Kirill a pris la tête lundi d'une procession en mémoire de Nicolas II - tsar et chef de l'Eglise orthodoxe -, de son épouse Alexandra Fedorovna, de leurs cinq enfants, fusillés durant la nuit du 16 au 17 juillet 1918 près de Ekaterinbourg dans l'Oural. Ils ont été canonisés en 2000.

Les autorités russes, qui se sont toujours efforcées de ne pas faire de choix tranché entre l'héritage soviétique et l'héritage tsariste, n'ont pas prévu de commémorations officielles.

>> Les images de la commémoration, qui a réuni 100'000 personnes (lire en encadré) :

100'000 personnes commémorent en Russie le centenaire de l'assassinat du dernier tsar
100'000 personnes commémorent en Russie le centenaire de l'assassinat du dernier tsar / L'actu en vidéo / 55 sec. / le 17 juillet 2018

Refus de test ADN

Vingt ans après l'inhumation des restes du tsar, de sa femme et de trois de leurs filles - découverts en 1979 -, l'Eglise orthodoxe refuse toujours de reconnaître leur authenticité et d'accepter que des tests ADN soient menés pour la confirmer.

Elle refuse également de reconnaître l'authenticité des restes des deux autres enfants du tsar, Alexeï et Maria, dont les corps ont été retrouvés en 2007. Ceux-ci n'ont pas été inhumés, faute d'accord entre les autorités et l'Eglise.

ats/fme

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Brûlés sans laisser de traces

Avec la commémoration du centenaire, des médias russes ont appelé le patriarche orthodoxe Kirill à reconnaître les restes de la famille impériale. L'Eglise estime qu'il n'y a pas assez de preuves en faveur de l'authenticité des restes pour nécessiter des tests ADN et accuse l'Etat de chercher à écarter le clergé de cette affaire.

Selon elle, les bolchéviques ont brûlé sans laisser de traces les corps de leurs onze victimes, ceux de la famille impériale et de leurs proches, dans un fossé d'une forêt de l'Oural, où un vaste monastère a depuis été construit.

Selon plusieurs analystes, le patriarche Kirill aurait "peur" de la réaction des conservateurs - déjà outrés par sa rencontre avec le pape François en 2016 - s'il reconnaissait comme authentiques les restes de la famille impériale.

100'000 personnes à la commémoration

Une procession nocturne a réuni mardi à Ekatérinbourg (Oural) près de 100'000 personnes pour commémorer le centenaire de l'exécution de Nicolas II.

A la tête de la puissante Église orthodoxe, le patriarche Kirill a guidé la procession qui a quitté vers 2h00 du matin le lieu où ont été tués le tsar et sa famille, à Ekatérinbourg, pour rejoindre à pied le monastère de Ganima Iama, situé à 21 kilomètres.

Près de 20'000 personnes se sont ensuite jointes aux commémorations dans ce monastère, érigé sur le site où ont été enterrés le dernier tsar russe et sa famille après leur exécution.