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Le droit à l'avortement plusieurs fois remis en question en Europe

Alors que la Pologne a refusé jeudi de durcir sa loi sur l'avortement déjà très restrictive, d'autres pays en Europe ont récemment remis en question la légalisation de cette pratique. Tour d'horizon.

La mobilisation de milliers de femmes polonaises a fait plier les conservateurs: une proposition de pratiquement bannir l'avortement dans ce pays à la législation déjà parmi les plus restrictives d'Europe a été rejetée jeudi au Parlement, lors d'un vote organisé à la hâte après les protestations de lundi.

>> Lire : L'interdiction totale de l'avortement rejetée par le Parlement polonais

La Pologne est passée d'un régime très libéral durant la période communiste à une loi plus restrictive en 1993, n'autorisant l'avortement que dans trois cas: grossesse résultat d'un acte illégal (viol, inceste), risques avérés pour la vie de la femme ou pathologie grave chez l'embryon.

Tentés de revenir en arrière

D'autres pays européens ayant légalisé l'avortement ont été tentés par un retour en arrière. Au Portugal, par exemple, les femmes avaient obtenu le droit d'avorter aux frais de l'Etat après un référendum en 2007.

Mais le Parlement a fait machine arrière en juillet dernier en adoptant un projet de loi qui vise à faire payer de leur poche les femmes qui souhaitent mettre fin à leur grossesse et à leur imposer des examens très stricts avant la procédure.

En Suisse, une initiative similaire demandant le financement privé de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) a été balayée par le peuple en février 2014.

L'Espagne, qui a acquis le droit à l'avortement de haute lutte en 2010, a déjà dû se pencher en 2014 sur un texte controversé conçu par le ministre de la Justice conservateur du gouvernement Rajoy. Celui-ci demandait une réduction des conditions pour interrompre une grossesse: une malformation du foetus n'était par exemple plus considérée comme un motif valable. Fustigé par la gauche, il a été enterré et le ministre en question a démissionné.

"Violation des droits fondamentaux", selon l'ONU

Dans d'autres pays, l'avortement est illégal dans tous les cas ou presque. La législation nord-irlandaise n'autorise l'avortement que si la vie de la mère est en danger. En février 2016, le Parlement a refusé un assouplissement, confirmant l'illégalité de l'IVG en cas de viol, d'inceste ou de malformation du foetus.

En Irlande voisine, c'est le même cas de figure. En juin dernier, le comité des droits de l'homme de l'ONU a rendu une décision considérant que les lois irlandaises qui interdisent et sanctionnent l'avortement sont une violation des droits fondamentaux et appelé le gouvernement irlandais à donner un accès élargi à l'IVG.

En Europe, seuls deux pays interdisent totalement l'avortement: Malte et la principauté d'Andorre.

Jessica Vial

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Médecins objecteurs de conscience

Dans les autres pays, l'avortement est autorisé dans un délai variant de 10 à 24 semaines. Mais en Italie, par exemple, bien que légal, ce droit est difficile à obtenir car de nombreux médecins se déclarent objecteurs de conscience (jusqu'à 80% dans certaines régions du sud).

Aux Etats-Unis, un droit souvent remis en question

Outre-Atlantique, la décision historique de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement en 1973 aux Etats-Unis a été mainte fois remise en question. En effet, le mouvement "pro-vie" tient une place importante dans le pays, notamment en tant que position officielle du Parti républicain et de la plupart des mouvements religieux.

Et la loi est plus ou moins souple selon les Etats. En juin, la Cour suprême américaine a par exemple aboli certaines parties des règles draconiennes du Texas en la matière, qui avaient causé la fermeture de près de la moitié de 41 cliniques de l'Etat et rendu la procédure extrêmement compliquée.