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L'embargo américain envers Cuba va être assoupli

Barack Obama et Raul Castro annoncent un rapprochement historique
Barack Obama et Raul Castro annoncent un rapprochement historique / L'actu en vidéo / 1 min. / le 17 décembre 2014
Le président Barack Obama a annoncé mercredi que les Etats-Unis allaient assouplir l'embargo et les restrictions de voyages avec Cuba. A La Havane, Raul Castro a confirmé cette avancée historique.

Les Etats-Unis et Cuba ont engagé mercredi un rapprochement spectaculaire après des décennies de tensions héritées de le Guerre froide, promettant le rétablissement de leurs relations diplomatiques et une plus grande coopération économique.

"Nous sommes tous américains"

"Todos somos americanos" ("Nous sommes tous américains") a lancé Barack Obama lors d'une allocution qui devrait marquer son passage à la Maison Blanche. "Il y a une histoire compliquée entre les Etats-Unis et Cuba (...) mais l'heure est venue d'entamer un nouveau chapitre", a ajouté le 44e président des Etats-Unis, constatant l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste.

Bientôt une ambassade à La Havane

Au même moment, à La Havane, son homologue cubain Raul Castro, confirmait cette percée historique, tout en soulignant que la question de l'embargo économique, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962, n'était pas résolue. Barack Obama a appelé de ses voeux un débat - qui s'annonce déjà houleux - avec le Congrès américain sur la levée de cette mesure "inscrite dans la loi".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry va entamer "immédiatement" des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques avec le pays des Caraïbes, interrompues depuis 1961. Perspective longtemps impensable, les Etats-Unis vont par ailleurs ouvrir une ambassade à La Havane "dans les mois à venir".

Comptes bancaires

Parmi les mesures annoncées pour favoriser les échanges économiques entre les deux pays, les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba et les institutions américaines pourront ouvrir des comptes dans les institutions financières cubaines. L'exportation de certains matériels de communication et télécommunication sera aussi permise, dans le but de développer internet sur l'île.

Les voyageurs américains pourront par ailleurs rapporter depuis Cuba jusqu'à 100 dollars de tabac, ce qui inclut les célèbres cigares cubains.

Fidel Castro pas impliqué

Si les voyages touristiques indépendants resteront à ce stade interdits, nombre de procédures seront assouplies pour les chercheurs, les enseignants, les journalistes ou encore les visites familiales. Selon un responsable américain, l'ancien président Fidel Castro, qui a cédé la place à son frère Raul en 2006, n'a pas été impliqué dans les discussions. Eternel contempteur du voisin honni, "Fidel" est resté célèbre pour ses longues diatribes anti-américaines.

agences/boi/gax

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Echange de prisonniers

Peu avant cette annonce, l'Américain Alan Gross, écroué depuis cinq ans à Cuba où il avait été condamné pour espionnage, avait été libéré pour des raisons humanitaires, a indiqué un responsable américain.

Il a été échangé contre trois Cubains condamnés à de lourdes peines de prison aux Etats-Unis en 2001 pour espionnage. Les trois hommes sont arrivés dans leur pays d'origine mercredi, selon Raul Castro.

Alan Gross a quitté Cuba et s'est envolé vers les Etats-Unis.

"Satisfaction" et "rectification historique"

Les réactions à l'annonce de la détente des relations américano-cubaines mercredi ont été saluées, notamment par la Suisse et le Vatican.

- La Suisse, qui représente les intérêts des Etats-Unis envers Cuba et inversement, "salue ce pas historique et félicite les deux parties", selon la prise de position du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE). Contacté par la RTS, le DFAE a dit encore ignorer comment pourrait évoluer le rôle de la Suisse dans ce dossier.

- Le pape François, considéré comme un acteur majeur dans ce dossier, a exprimé mercredi sa "grande satisfaction" pour la "décision historique" de Cuba et des Etats-Unis.

- Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué "chaleureusement" l'annonce de ce rapprochement, se disant prêt à aider les deux pays à normaliser leurs relations.

- Le Mercosur, Marché commun (de l'Amérique) du Sud salue quant à lui une "rectification historique".

Un embargo depuis 1962

Les Etats-Unis et Cuba, séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride, n'ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961, mais disposent chacun d'une section d'intérêts qui fait office d'ambassade.

Washington impose un embargo économique, commercial et financier à La Havane depuis le 7 février 1962, après des nationalisations expropriant des compagnies américaines.