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Les rebelles aux portes de la capitale en Centrafrique

Des membres de la garde présidentielle à Bangui, le 15 mars 2005. [ISSOUF SANOGO]
Des membres de la garde présidentielle à Bangui, le 15 mars 2005. - [ISSOUF SANOGO]
Alors que la rébellion s'approche de Bangui, la capitale de Centrafrique, l'ONU et les Etats-Unis ont annoncé mercredi le retrait de tous leurs employés jugés non indispensables et de leurs familles. Paris fait protéger ses ressortissants.

La France, les Etats-Unis et l'ONU se sont employés mercredi à protéger leurs ressortissants alors que les rebelles du Séléka s'affichaient en maîtres de la Centrafrique, affirmant que le président François Bozizé avait "perdu le contrôle du pays" après deux semaines d'offensive.

Les Nations unies et les Etats-Unis ont de leur côté annoncé mercredi le retrait "temporaire" de la République centrafricaine de tous leurs employés jugés non indispensables et de leurs familles, soit 200 personnes pour l'ONU et un nombre non précisé pour les personnels de l'ambassade de Bangui et leurs familles.

Les renforts tchadiens qui campent aux portes de Bangui à l'appel du président centrafricain semblent être le dernier rempart contre une avancée des insurgés vers la capitale.

"Le général François Bozizé a déjà perdu le contrôle du pays"

Après plus de quinze jours d'opérations et de conquête de villes, le Séléka (Alliance en sango, la langue nationale), a affirmé que "par mesure de sécurité et de protection des populations civiles, nous ne considérons plus nécessaire de mener la bataille de Bangui et d'y faire entrer nos troupes, car le général François Bozizé (...) a déjà perdu le contrôle du pays".

"Nous demandons à tous les fils et filles de Centrafrique, à tous les éléments de forces de défense et de sécurité encore fidèles au régime de François Bozizé (...) de déposer les armes immédiatement", ont ajouté les rebelles.

La France protège ses ressortissants

A Bangui, plusieurs centaines de personnes, proches du pouvoir, ont lancé des projectiles vers l'ambassade de France pour dénoncer la passivité de l'ancienne puissance coloniale. Ils avaient auparavant fait un sit-in devant l'ambassade des Etats-Unis.

Après les incidents près de l'ambassade, le président français François Hollande a demandé au ministre de la Défense "de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité" des 1200 Français vivant en Centrafrique et de l'ambassade.

afp/vtom

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Le parcours des rebelles

Les insurgés, qui ont pris les armes le 10 décembre pour réclamer "le respect" d'accords de paix conclus entre 2007 et 2011, se sont rapidement emparés de villes stratégiques, Bria (ville diamantifère du centre), Bambari (ville aurifère du centre sud), avant de prendre Kaga Bandoro (centre nord) mardi, s'approchant dangereusement de Bangui par le nord et par l'est.

Sous-équipée, démotivée et mal organisée, l'armée régulière n'a opposé que peu de résistance.

Tout en affirmant vouloir négocier, comme l'ont demandé les chefs d'Etats d'Afrique centrale, la rébellion a continué à avancer, refusant de quitter les villes conquises sans un cessez-le-feu préalable, que le président centrafricain ne semble pas prêt à accorder.

La FOMAC envoie plus de troupes

La force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC), qui compte plusieurs centaines de soldats en Centrafrique, va envoyer de nouvelles troupes pour sécuriser Bangui.

La FOMAC, mise en place en 2008, avait pour mission d'aider à consolider la paix dans le pays miné par des années de guerres civiles et de nombreuses rébellions.

Elle a compté jusqu'à 500 soldats en provenance du Gabon, de République démocratique du Congo, du Tchad et du Cameroun.

Elle avait commencé à se retirer progressivement de Centrafrique, qu'elle était censée quitter définitivement avant le 31 décembre 2013.

Fuite de 2000 Centrafricains en RDC

Au moins 2000 Centrafricains ont fui dans le nord de la République démocratique du Congo voisine face à l'avancée des rebelles. Des ONG humanitaires se sont inquiétées du sort des déplacés.

La Centrafrique - 5 millions d'habitants - était engagé depuis 2007 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de rébellions multiples, mutineries militaires et putschs.

La France ne viendra pas en aide à Joseph Bozizé

La France a assuré jeudi que son intervention en Centrafrique se limiterait à la protection de ses ressortissants et a exclu toute aide militaire directe au régime de Bangui, conformément à sa volonté de ne plus être le gendarme de ses anciennes colonies.

"Si nous sommes présents, ce n'est pas pour protéger un régime, c'est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d'un pays", a déclaré vendredi le président français François Hollande, insistant: "Ce temps là est terminé."

Paris semble donc envoyer une fin de non recevoir au président centrafricain François Bozizé, qui a appelé jeudi la France et les Etats-Unis à l'aider à stopper les rebelles du Séléka.