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Des soldats se mutinent pour exiger le départ des chefs de l'armée au Burkina Faso

Des tirs entendus dans plusieurs casernes au Burkina Faso. [Keystone - Sophie Garcia]
Des soldats se mutinent pour exiger le départ des chefs de l'armée au Burkina Faso / La Matinale / 1 min. / le 24 janvier 2022
Des soldats se sont mutinés dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso pour réclamer le départ des chefs de l'armée et des "moyens plus adaptés" à la lutte contre les djihadistes qui frappent ce pays depuis 2015.

Ces mouvements d'humeur dans les casernes du Burkina, pays qui a connu par le passé plusieurs coups d'Etat et tentatives de putsch, illustrent la fragilité du pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré face aux violences djihadistes qui s'accroissent dans son pays et qu'il n'arrive pas à contrer.

"Depuis 01h00 du matin (2h en Suisse), des tirs ont été entendus ici à Gounghin provenant du camp Sangoulé Lamizana", a affirmé un militaire de ce quartier situé à la sortie ouest de Ouagadougou, ce qu'ont confirmé des habitants, parlant de "tirs de plus en plus nourris".

Des tirs ont également été entendus dans un autre camp militaire de Ouagadougou, celui de Baba Sy, à la sortie sud de la capitale, et à la base aérienne proche de l'aéroport, selon des sources militaires.

Des coups de feu se sont aussi produits dans des casernes de Kaya et Ouahigouya, dans le nord du pays, selon des habitants joints par l'AFP.

Détention d'un proche de Compaoré

Des habitants du quartier Gounghin ont affirmé que des tirs étaient toujours entendus en milieu de matinée au camp Sangoulé, qui abrite la Maison d'arrêt et de correction des armées (Maca).

C'est là qu'est détenu le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014 qui vit depuis en Côte d'Ivoire: le général Diendéré a été condamné à 20 ans de prison pour une tentative de putsch en 2015 et est actuellement jugé pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ancien président Thomas Sankara, icône panafricaine, en 1987.

>> Lire aussi : Au Burkina Faso, ouverture du procès de l'assassinat du président Sankara

Coup d'Etat démenti

Le gouvernement du président Roch Marc Kaboré a rapidement réagi en démentant une tentative de coup d'Etat.

Le communiqué du porte-parole du gouvernement burkinabè. [Gouvernement du Burkina Faso]
Le communiqué du porte-parole du gouvernement burkinabè. [Gouvernement du Burkina Faso]

"Des informations véhiculées sur des réseaux sociaux tendent à faire croire à une prise de pouvoir par l'armée en ce jour" de dimanche, indique un communiqué du porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maiga.

"Le gouvernement, tout en reconnaissant l'effectivité de tirs dans certaines casernes, dément ces informations et appelle les populations à rester sereines", ajoute-t-il.

Couvre-feu

Un couvre-feu a été décrété à partir de 20H00 (locales et GMT) dimanche jusqu'à lundi 05H30 au Burkina Faso, selon un décret présidentiel. Il sera maintenu "jusqu'à nouvel ordre".

Le ministère de l'Education nationale a par ailleurs indiqué dans un communiqué que les écoles resteraient fermées lundi et mardi dans tout le pays.

Des incidents samedi

Ces mouvements dans des casernes burkinabè surviennent au lendemain de nouvelles manifestations de colère d'habitants excédés par l'impuissance des autorités à faire face à la violence djihadiste qui ravage le Burkina Faso.

Samedi, des incidents ont éclaté à Ouagadougou et dans d'autres villes du pays entre les forces de l'ordre et des manifestants qui ont bravé l'interdiction de se rassembler pour protester contre l'insécurité.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays.

Samedi encore, au moins deux soldats ont été tués et plusieurs blessés dans l'explosion d'un engin artisanal, sur l'axe entre Ouahigouya et Titao (nord), au passage de leur véhicule qui escortait des commerçants, selon des sources sécuritaires et locales.

afp/jfe

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