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Pas de mesures suisses pour contrer les sanctions américaines envers l'Iran

La diplomatie suisse est fortement impliquée en Iran [KEYSTONE - Peter Klaunzer]
Pas d'instrument juridique activé pour protéger les entreprises suisses actives en Iran / La Matinale / 2 min. / le 18 juillet 2018
La Confédération ne va pas s'inspirer du mécanisme activé par l'UE pour contourner l'isolement économique de l'Iran voulu par les Etats-Unis. Les entreprises suisses actives en Iran auront du mal à éviter la prochaine salve de sanctions.

L'Union européenne (UE) réactive le statut de blocage, un instrument juridique qui permet aux entreprises et tribunaux européens de ne pas se soumettre à des sanctions prises par des pays tiers. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont activé lundi ce mécanisme déjà utilisé pour contrer l'embargo sur Cuba dans les années 1990.

>> Lire : L'Union européenne veut contrer les sanctions américaines contre l'Iran

Cet outil n'existe pas en Suisse, a indiqué le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Et la Confédération n'entend pas s'en inspirer. Les entreprises suisses encore actives en Iran auront donc du mal à contourner une prochaine salve de sanctions américaines.

Or, la prudence suisse est saluée par les milieux économiques. Pour Jan Atteslander, membre de la direction d'Economiesuisse et responsable des affaires internationales, "il faut regarder de très près ce qu'ils (les pays européens, ndlr) vont faire, et en même temps les réactions des Américains. Après, si cette solution fonctionne, on peut aller dans la même direction."

"Problèmes politiques"

"Deuxièmement, pourquoi bricoler des instruments (juridiques, ndlr)? Ce sont des problèmes politiques. Et là, la Suisse est très très active", ajoute-t-il.

La diplomatie helvétique s'active actuellement pour maintenir les exportations de médicaments et de produits alimentaires suisses vers l'Iran. Au fond, la Suisse ne veut pas fâcher les Etats-Unis. En effet, pour l'économie suisse, le marché iranien est moins intéressant que le marché américain.

"L'engagement dans le marché américain prend le dessus. Théoriquement, il y a un intérêt à avoir de telles mesures contre les sanctions, mais jusqu'à ce qu'elles fonctionnement pratiquement, ce n'est peut-être pas ce que veulent les entreprises", explique Georges Baur, secrétaire général adjoint de l'Association européenne de libre échange (AELE) à Bruxelles.

Le jeu n'en vaut pas la chandelle pour de nombreuses entreprises en Suisse. A voir maintenant combien de leurs concurrentes européennes opteront pour le statut de blocage: un chemin risqué qui pourrait les exposer à de longues procédures judiciaires aux Etats Unis.

Marc Menichini/jvia

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