Le tir sportif vise dans le mille pour de plus en plus de jeunes femmes en Suisse

Tir sportif, tir de loisir ou tir de compétition... En Suisse, les adeptes féminines de cette discipline ne cessent d'augmenter. Un constat particulièrement saisissant auprès de la relève. Si la représentation des femmes est plutôt stable ces dernières années (environ 15% des quelque 60'000 licenciés), leur nombre est en hausse considérable chez les jeunes (dès 15 ans). Selon Swiss Shooting, la Fédération helvétique de tir, 1800 adolescentes ont suivi en 2022 des cours adressés à 8100 jeunes tireurs, ce qui constitue un record. Cela représente une croissance de 60% en l'espace d'une décennie.

Les facteurs pour expliquer ce phénomène sont multiples. "Je pense qu'il y a une libéralisation, comme dans le reste de la société", avance Laurent Jakob, président de l'association sportive genevoise de tir. "L'accès à ce sport est plus facile".

Une donnée qui n'a rien d'anodin pour Melina, pratiquante rencontrée au Swiss Gun Center à Genève. "Je viens d'Iran. Chez nous, il y a toujours des limites imposées aux femmes, alors que moi, j'ai toujours été intéressée à faire du tir", raconte la danseuse et étudiante à l'Université.

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KEYSTONE - CHRISTIAN BEUTLER

Femmes bien représentées au niveau élite

L'argument de l'accessibilité n'est toutefois pas le seul à entrer en ligne de compte. Le succès rencontré par les tireuses suisses au plus haut niveau fait des émules. Aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, la Thurgovienne Heidi Diethelm Gerber avait décroché l'or au pistolet à 25 mètres. Elle avait été imitée cinq ans plus tard par la Nidwaldienne Nina Christen, sacrée à la carabine à 50 mètres aux JO de Tokyo.

Les femmes permettent donc à la Suisse de briller sur la scène internationale. Elles sont par ailleurs 15 à figurer dans le cadre élite helvétique sur un total de 24 athlètes. "Le fait de voir des championnes olympiques donne plus d'envie et de motivation aux jeunes filles", relève Laurent Jakob.

Cet effet locomotive draine à la fois des adhérentes supplémentaires, mais aussi des adeptes de compétition. "C'est un public très appliqué", constate Xavier Moulu, responsable du Swiss Gun Center à Genève. "On voit par le résultat et la concentration mise dans les séances que cela fonctionne bien".

Des stéréotypes à la vie dure

Reste que si les femmes fréquentent de plus en plus les stands de tir, certains clichés sont tenaces. Solène, qui a récemment découvert ce sport dans la cité de Calvin, a plusieurs fois fait face à la surprise de certains de ses proches. "J'ai tout de suite eu des remarques", explique la jeune cavalière. "Tu tires avec une arme, avec un fusil (...), on ne va plus t'embêter". Les comparaisons ne tardent pas à surgir dans les conversations. "Lara Croft, Nikita... vous voyez un peu les clichés", sourit Solène.

Il n'empêche que les pratiquantes, quel que soit leur âge, visent les mêmes sensations devant une cible: la concentration, la discipline, le travail de la posture, mais aussi la progression rapide.

Charlotte Frossard/jtr