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Hausse des mesures contraignantes imposées aux patients psychiatriques en Suisse

Une infirmière prépare le lit d'un patient à l'Hôpital psychiatrique de Prangins (VD). [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Les mesures de contraintes de plus en plus utilisées dans les cliniques psychiatriques suisses / Le 12h30 / 2 min. / le 30 décembre 2022
En Suisse, les patients atteints de troubles psychiatriques subissent de plus en plus de mesures contraignantes dans les hôpitaux, révèle vendredi le Tages-Anzeiger. Cette situation suscite des inquiétudes, notamment à la Confédération.

Faire interner un patient contre son gré, l'attacher à son lit, l'isoler dans une chambre et lui administrer une médication forcée sont des méthodes dont l'utilisation est en hausse dans les cliniques psychiatriques suisses, affirment vendredi le Tages-Anzeiger, la Basler Zeitung, la Berner Zeitung et le Bund.

La proportion de cas pour lesquels au moins une mesure de contrainte a été appliquée était de 11,5% en 2021, contre 9,4% en 2019, écrivent les journaux, d'après une étude de l'Association nationale pour le développement de la qualité dans les hôpitaux et les cliniques (ANQ).

En comparaison internationale, la Suisse arrive en tête des hospitalisations sous contrainte.

Des mesures de dernier recours

Or, selon Samia Hurst, médecin et éthicienne aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), ces méthodes devraient rester exceptionnelles.

"Les mesures limitant la liberté de mouvement sont une transgression d'un droit important. Elles ne peuvent être justifiées qu'en dernier recours pour protéger un intérêt prépondérant, comme la protection du patient lui-même ou de tiers en cas de comportement dangereux", souligne-t-elle, vendredi dans le 12h30.

"La pesée des risques et des bénéfices doit donc être soigneuse. Les risques ne sont pas uniquement physiques, mais aussi identitaires: ces actes peuvent être vécus comme humiliants ou comme une punition", ajoute Samia Hurst.

Une préoccupation fédérale

Du côté des professionnels, on explique en grande partie l'augmentation de ces actes extrêmes par une pénurie de personnel soignant en psychiatrie.

"Implémenter ces mesures de manière sécurisée nécessite justement une surveillance. Leur utilisation par manque de personnel est donc en réalité préoccupante", note Samia Hurst, qui plaide pour des données sur la manière dont les patients sont surveillés.

Le sujet inquiète aussi les autorités politiques. Mi-décembre, l'Office fédéral de la justice (OFJ) a publié un rapport sur les placements forcés. Ce dernier recommande plusieurs clarifications, notamment en ce qui concerne les possibilités laissées au patient de s’autodéterminer.

Noriane Rapin/iar avec l'ats

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