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Face au manque de farine, Bio Suisse autorise l'importation de 20% de blé européen

Pour palier le manque de farine, Bio Suisse autorise temporairement les meuniers à importer 20% de blé européen [DPA/Keystone - Annette Riedl]
Pour palier le manque de farine, Bio Suisse autorise temporairement les meuniers à importer 20% de blé européen / La Matinale / 1 min. / le 4 avril 2022
Les récoltes de céréales ayant été faibles pendant l'été 2021, Bio Suisse autorise temporairement les meuniers à importer 20% de blé européen et à le vendre sous le label Suisse. Cette mesure, en vigueur jusqu'en août 2022, ne plaît pas à tout le monde.

Dans un paquet d’un kilo de farine biologique du pays, labellisé Bourgeon Suisse, il peut y avoir jusqu’à 200 grammes en provenance de l’Union européenne. La mesure, en vigueur jusqu’à fin août, fait bondir François Erard, directeur d’AgriGenève, la faîtière des agriculteurs genevois.

"On va retirer du blé sur un marché européen, et par cascade à des pays qui ont un cruel besoin au regard de la pénurie actuelle de céréales, pour un marché de niche en Suisse. Je suis surpris car vu les valeurs défendues par ce mode de production et le label bourgeon, il faudrait assumer ces risques jusqu’au bout et admettre que certaines années, on n’arrive pas à fournir tout le marché", estime-t-il. Pour François Erard, il en va de la crédibilité du label Bourgeon Suisse.

>> Réécouter également dans La Matinale l'interview de Michel Darbellay, arboriculteur :

Un tracteur dans le canton de Thurgovie. [Keystone - Christian Beutler]Keystone - Christian Beutler
Michel Darbellay évoque l’impact de la guerre en Ukraine sur les récoltes en Suisse / La Matinale / 8 min. / le 4 avril 2022

La Suisse un pays "importateur net de nourriture"

De son côté, le responsable romand de Bio Suisse, Pascal Olivier, rappelle que la mesure n’a rien d’exceptionnel. "La Suisse est de toute façon un pays importateur net de nourriture, le bio ne fait pas exception à ça, même si je pense qu’on fait un peu mieux qu’en conventionnel. On estime à un tiers la nourriture bio importée de l’étranger, contre un peu près la moitié en conventionnel", précise-t-il.

Pascal Olivier assure que l’étiquetage mentionnera la provenance des céréales, même si, selon lui, le consommateur ne verra pas de différence: "Les conditions de culture bio bourgeon sont les mêmes en Suisse qu'à l'étranger. Et comme tous les produits labellisés Bourgeon, l’importation ne peut se faire que par voie terrestre, et non par avion. Et le blé importé proviendra surtout d’Autriche."

Pour éviter de futures importations, Bio Suisse mise sur une hausse des reconversions biologiques d’exploitations agricoles. Surtout que, selon la faîtière, la demande est là: Coop prévoit, par exemple, que tous ses pains bio soient issues de farines suisses d’ici 2027.

Reportage de Valentin Emery

Adaptation web: Andreia Portinha Saraiva

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