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Check-up des partis: divisé et affaibli, le PLR se paie une cure de jouvence

Pierre Nebel, correspondant à Berne, fait le point sur le bilan du PLR à mi-législature
Pierre Nebel, correspondant à Berne, fait le point sur le bilan du PLR à mi-législature / 19h30 / 1 min. / le 16 février 2022
Héritier des fondateurs de la Suisse moderne, le PLR est grippé depuis plusieurs décennies. Et jusqu’à présent, cette législature ne lui a pas vraiment souri. L’auto-proclamé parti de l’économie est à la traîne dans les sondages et est apparu divisé sur de nombreux sujets. Mais sa nouvelle direction, rajeunie, veut changer la tendance.

L'EXAMEN

Les élections fédérales de 2019 ont été une claque pour le PLR. En pleine forme à la mi-législature, le parti avait pris un vilain coup de froid à la faveur de l’essoufflement de ses thèmes de prédilection et de la vigueur des préoccupations liées au réchauffement climatique. Depuis lors, l'épanchement ne s’est pas résorbé, les libéraux-radicaux perdant près de 30 sièges dans les Parlements cantonaux ces deux dernières années.

Mais il y a plus grave. Le PLR est profondément divisé sur deux sujets majeurs: la relation à l'Union européenne et la question climatique. Le parti n’a pas réussi à parler d'une seule voix sur l'accord-cadre, enfonçant lui aussi un clou dans le cercueil d'un texte mort-né. Quant au tournant écologique initié par la présidente Petra Gössi, il s'est mal terminé: la Schwytzoise a dû quitter son poste en juin 2021, au lendemain du rejet d’une loi sur le CO2 largement inspirée par ses troupes.

La bonne nouvelle pour le PLR, c’est qu'il a entamé une nouvelle ère. Le parti s’est doté d'un nouveau président, en la personne de l’Argovien Thierry Burkart. Le conseiller aux Etats s'est entouré d'une équipe dirigeante très jeune, avec un âge moyen de 37 ans. Une cure de jouvence qui devrait aider les libéraux-radicaux à dépoussiérer un peu leur image.

Le grand défi, d’ici aux élections fédérales de 2023, c'est de resserrer les rangs et de retrouver des thèmes qui mettent le parti et son électorat en symbiose. Le PLR vient ainsi d'adopter à l'unanimité une résolution qui rouvre la porte à l'énergie nucléaire. Une unanimité de façade, toutefois, résultat d'un compromis âprement négocié destiné à cacher les dissensions. Le remède à la division pourrait être la réforme de l'AVS. Une victoire devant le peuple face à la gauche ferait beaucoup de bien au parti.


LE DIAGNOSTIC

A un an et demi des élections fédérales, l'état de forme du PLR est plutôt moyen. Les libéraux-radicaux vont devoir se battre pour digérer leurs défaites de ces dernières années et retrouver une ligne rassembleuse et cohérente. Cet examen de conscience est indispensable s'ils veulent conserver leur poids politique à Berne. S'il échoue et poursuit sa chute, comme le montre le dernier baromètre électoral de la SSR, le parti pourrait perdre sa place de troisième force électorale du pays. Le maintien de son deuxième siège au Conseil fédéral, attaqué par les Verts, deviendrait alors plus difficile à justifier.

Didier Kottelat, avec Pierre Nebel

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