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Le Biennois Alain Wicht est le garant des 1935 kilomètres de la frontière suisse

En sa qualité de préposé à la frontière suisse, le Biennois Alain Wicht a le pouvoir de modifier les frontières helvétiques. Reportage sur le terrain
En sa qualité de préposé à la frontière suisse, le Biennois Alain Wicht a le pouvoir de modifier les frontières helvétiques. Reportage sur le terrain / Couleurs locales / 3 min. / le 18 octobre 2021
Depuis douze ans, Alain Wicht est un peu le "Monsieur frontières" de la Suisse. Si son rôle à l'Office fédéral de topographie swisstopo est méconnu, il n'est est pas moins essentiel.

"Mon job? C'est d'entretenir la frontière nationale suisse", décrit Alain Wicht dans Couleurs locales. Ce géomaticien biennois surveille depuis douze ans les 7000 bornes placées sur les 1935 kilomètres de frontières que la Suisse partage avec la France, l'Allemagne, l'Italie l'Autriche et le Liechtenstein.

Son titre exact est: Préposé à la frontière nationale auprès de l'Office fédéral de topographie swisstopo. "Il s'agit surtout de contrôler les bornes qui sont cassées, suivant les points. Je suis également la personne de contact pour les pays voisins", ajoute-t-il. Muni d'un GPS, Alain Wicht vérifie si les bornes, souvent vieilles de plusieurs siècles, n'ont pas bougé. "Si on est en montagne ou en forêt, il faut faire des polygonales pour déterminer le point et le repositionner."

Si Alain Wicht vérifie leur position à intervalles réguliers, c'est pour une raison bien précise: "Les bornes bougent, parce que tout le terrain bouge. La Suisse a la chance d'être au milieu du plateau, mais on dérive quand même d'un 1 à 1,5 centimètre par année."

Échange de terrain

Mais, parfois, les choses se compliquent comme à Testa Griga, sur la commune de Zermatt, entre la Suisse et l'Italie, où la construction d'un restaurant devra déboucher sur une modification de la frontière. "On parle alors d'une adaptation de la frontière, note Alain Wicht. On va procéder à un échange de surface, car comme la frontière est définie, on est obligé de faire un échange un à un."

Cet échange de terrain est obligatoire, puisque les pays n'ont pas le droit de s'agrandir ou de rapetisser (lire aussi encadré). Si les cartes topographiques suisses sont réputées pour leur précision, ce n'est pas le cas dans d'autres pays. "Il existe des cartes sur lesquelles la représentation est correcte, mais les coordonnées mentionnées sont volontairement erronées. Ainsi, si on lançait un missile ou une attaque, on serait à côté. C'est très malin", raconte-t-il.

Benoît Grandclément et Daniel Bachmann/vajo

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Le tracé de la frontière suisse

Le tracé actuel de la frontière suisse fut établi au Congrès de Vienne de 1815, mais remonte souvent à une époque bien antérieure, rappelle le Dictionnaire historique de la Suisse. Certaines sections de la frontière sud datent du XVIe siècle et furent précisées dans le Traité de Varèse de 1752.

Depuis la naissance de la Confédération, la Suisse a conclu de nombreux accords avec les pays limitrophes sur des corrections plus ou moins importantes du tracé de sa frontière ou sur la garantie de la démarcation.

Actuellement, la Suisse partage 347 kilomètres de frontières d'Etat avec l'Allemagne, 585 km avec la France, 782 km avec l'Italie, 180 km avec l'Autriche et 41 km avec le Liechtenstein.