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Sophie Swaton: "L'être humain n'aime pas se remettre en question" dans son rapport à la nature

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Sophie Swaton, philosophe et économiste à l’Université de Lausanne
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Sophie Swaton, philosophe et économiste à l’Université de Lausanne / La Matinale / 14 min. / le 28 juillet 2021
Inondations, canicules, tempêtes: les phénomènes climatiques extrêmes que notre monde traverse rappellent l'urgence d'un changement de notre rapport à la nature. Toutefois, comme le souligne l'économiste et philosophe à l'Université de Lausanne Sophie Swaton, "l'humain n'aime pas se remettre en question".

L'été 2021 restera probablement dans les annales pour les catastrophes liées aux intempéries en Europe et en Chine. Sans compter la vague de canicules phénoménales qui se sont abattues sur le Canada et l’extrême nord de l’Europe.

Hasard du calendrier, c'est dans ce contexte que se rassemblent en ce moment les délégations d'environ deux cents pays pour examiner le rapport d'évaluation du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

>> Plus de détails dans notre article : Le rapport des experts climat de l'ONU "crucial pour le succès" de la COP26

Si le grand public devrait avoir accès à leurs conclusions d'ici une quinzaine de jours, un brouillon du projet de rapport, qui avait fuité dans les médias il y a quelques semaines, n'augure rien de bon. Les experts du Giec y affirment notamment que "la vie sur Terre pouvait se remettre d’un changement majeur, mais pas l’humanité", ou encore que "le pire est à venir".

>> Lire à ce sujet : L'humanité à l'aube de retombées climatiques cataclysmiques, prédit le Giec

Passer à l'action

Certes, ces perspectives sont alarmistes, mais pour Sophie Swaton, philosophe, économiste et professeure à l'Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne, elles ne sont pas nouvelles. "C’est ce qui est annoncé depuis des décennies par d’autres rapports que celui du Giec, ainsi que par des scénarios dont on entend parler depuis les années 70", a-t-elle rappelé mercredi au micro de La Matinale de la RTS.

Pour elle, il ne s'agit donc que d'une "confirmation de tendances" dont il est désormais important de "prendre toute la mesure" afin de passer enfin à l'action. Mais comme elle le souligne, le changement fait peur. "Si l’impact de nos activités humaines doit remettre en question notre rapport à la nature, l'humain n'aime pas se remettre en question", insiste-t-elle.

Une gouvernance mondiale?

Le temps commence toutefois à presser. Surtout que la conférence de Paris (COP21) avait abouti en 2015 sur l'objectif de limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5 degré d’ici la fin du siècle. "On n'y arrivera certainement pas", déplore-t-elle, rappelant notamment les records de températures atteints dernièrement dans certaines villes du Canada, "sous des latitudes où on n'aurait jamais pensé que cela puisse arriver".

Selon elle, la tenue de ce genre de conférences, dont la prochaine (COP26) aura lieu à Glasgow en novembre prochain, reste cependant primordiale. "Ce qu’on peut attendre de ces conférences, c’est qu’il y ait un peu plus d’actions et moins de discussions, pour aboutir au final un jour à une gouvernance mondiale sur le thème du climat."

L'invitée de La Matinale reste persuadée que la crise sanitaire peut servir à cette prise de conscience. Encore faudrait-il que l'on commence à associer écologie et économie. Car selon elle, c'est là où le bât blesse. "On est actuellement dans une tendance de division entre l’économie et l’écologie. Mais là, on n’a plus le temps. On doit utiliser cette pandémie en se disant qu’il y en aura d’autres, alors agissons en conséquence et essayons de trouver des solutions, au lieu de s’arrêter à des discours alarmistes qui créent de la peur."

Propos recueillis par Agathe Birden
Adaptation web par Fabien Grenon

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Les "signes vitaux" de la Terre faiblissent, selon des scientifiques

Les "signes vitaux" de la planète s'affaiblissent sous les coups de l'économie mondiale, ont mis en garde mercredi des scientifiques de premier plan. Ils s'inquiètent de l'imminence possible de certains "points de rupture" climatiques.

Ces chercheurs, qui font partie d'un groupe de plus de 14'000 scientifiques ayant plaidé pour la déclaration d'une urgence climatique mondiale, estiment que les gouvernements ont de manière systématique échoué à s'attaquer aux causes du changement climatique: "la surexploitation de la Terre".

Depuis une évaluation précédente en 2019, ils soulignent la "hausse sans précédent" des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies. Sur les 31 "signes vitaux" de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l'épaisseur des glaciers ou la déforestation, 18 atteignent des records, selon ce texte publié dans la revue BioScience.