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Des phtalates "extrêmement préoccupants" ont été décelés dans divers articles en Suisse

Un homme regarde l'étiquette d'un produit dans un supermarché. [Depositphotos - Jim_Filim]
"Substances extrêmement préoccupantes" décelées dans divers articles en Suisse / On en parle / 11 min. / le 3 mars 2021
Le laboratoire cantonal de Bâle-Ville a analysé une large gamme d'articles et retrouvé des phtalates dans 15% d'entre eux. Les commerces concernés ont l'obligation de fournir des informations à la demande des consommateurs, une obligation encore peu connue.

"Substances extrêmement préoccupantes", c'est la formule officielle utilisée par le laboratoire bâlois, qui a testé 600 objets dans 54 commerces de 16 cantons à l'aide d'un spectromètre portable. Articles ménagers, matériaux d'emballage, articles de sport, appareils électroniques et articles pour le bricolage: sur ces 600 articles, 157 objets ont été emmenés pour être testés.

Sur les 157, 103 présentent une exposition à des composés de phtalates "très préoccupants" (voir encadré) et nécessitent des informations de la part des points de vente concernés. Les 48 autres produits contenaient d'autres composés de phtalates qui ne sont actuellement pas considérés comme "très préoccupants".

Obligation d'informer le consommateur à sa demande

Dans le commerce de détail en Suisse, il est obligatoire de fournir des informations à la demande des consommateurs sur l’éventuelle contamination d'un article par ces "substances extrêmement préoccupantes", a expliqué dans l'émission On en parle Yves Parrat, chef de l’unité de contrôle de la sécurité chimique et biologique au Laboratoire cantonal de Bâle-Ville.

Un formulaire est à disposition du public. "En principe, le commerce de détail a l'obligation légale de vous fournir cette information sous 45 jours. Si vous ne la recevez pas sous 45 jours, je vous conseille de prendre contact avec votre service cantonal des produits chimiques qui fera pression pour que vous obteniez vos réponses".

Mais "cette obligation n'est pas encore très connue", reconnaît Yves Parrat. Dans le cas des phtalates, "sur 43 des détaillants qui étaient concernés par cette information, seuls trois ont été capables de répondre correctement."

L'origine des articles contaminés gardée secrète

Le consommateur a-t-il une chance de repérer lui-même les articles problématiques? "Non, c'est très difficile, ces phtalates sont souvent incolores et inodores", regrette Yves Parrat.

Les points de vente inspectés étaient aussi bien des commerces de détail que l'on retrouve à l'échelle nationale, que des petits magasins locaux. Et comme souvent, impossible de savoir de quels articles il s'agit, ni dans quels commerces ils ont été trouvés. "Malheureusement, les organes d'exécution sont soumis à l'obligation de garder le secret. Pour qu'on puisse divulguer cela, il faudrait que le Parlement change la loi sur les produits chimiques".

Les articles commandés sur Internet ne sont eux pas soumis à la même règlementation. "La loi sur les produits chimiques ne règle que l'importation à titre commercial ou professionnel, c'est-à-dire si vous êtes grossiste. Pour les personnes privées, vous pouvez importer des produits sans que ceux-ci doivent correspondre au texte législatif", a expliqué Yves Parrat.

Les laboratoires cantonaux comme garde-fous

Des sanctions ont été prises contre les commerces vendant les articles contaminés: "d'une part, ils ont dû payer les coûts des analyses", continue Yves Parrat. "Ensuite, on leur a demandé de prendre les mesures nécessaires afin de remplir leur devoir d'information dans le futur. Nous allons contrôler cela bien sûr".

Depuis juillet 2021, l'importation commerciale de produits contenant ces quatre phtalates "extrêmement préoccupants" sera interdite. De son côté, le laboratoire cantonal de Bâle-Ville lancera une nouvelle campagne nationale en été 2021 visant à interdire la vente des produits qui contiendraient encore ces phtalates.

Sujet radio: Théo Chavaillaz et Yves-Alain Cornu

Adaptation web: Sylvie Ravussin

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Qu'est-ce qu'un phtalate?

"Il s'agit d'un perturbateur endocrinien, qui agit négativement sur la production hormonale et est toxique pour la reproduction humaine. Il faut savoir que ces phtalates sont des substances huileuses qu'on mélange au plastique, mais qui ne se lient pas au plastique. Quand on parle de plastique, on parle surtout de PVC. Cette huile peut migrer dans le plastique, arriver à la surface et le contact avec la peau permet par exemple déjà une contamination de l'être humain. Ensuite bien sûr, des enfants peuvent prendre les objets usuels dans la bouche", a expliqué Yves Parrat à On en parle.