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Schweizerhalle: vingt ans après

L'incendie avait provoqué une importante pollution du Rhin
L'incendie avait provoqué une importante pollution du Rhin
Les sirènes hurlaient, l'air empestait et le Rhin était rouge comme du sang. Les Bâlois se souviendront longtemps encore de ce matin du 1er novembre 1986 après l'incendie d'un entrepôt de Sandoz à Schweizerhalle (BL).

Jamais les habitants de la région n'auraient pu imaginer qu'une
telle catastrophe touche "leur chimie". Et ça c'est pourtant
produit, propulsant Schweizerhalle à la une de l'actualité
mondiale, comme Bophal et Tchernobyl.



Le 1er novembre 1986 à 0h19, un incendie est repéré dans le hangar
956 de l'usine Sandoz à Schweizerhalle. Les sirènes ont tiré les
habitants de leur sommeil. A chaque explosion, les flammes
s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres de haut.

Nuage chimique

La combustion des produits stockés dans le hangar 956 a provoqué
un nuage de fumée qui a recouvert la région bâloise. L'air
empestait d'une odeur chimique pénétrante. On saura plus tard
qu'elle avait pour origine le "mercaptan", un des nombreux produits
chimiques stockés dans le hangar 956.



Dans les jours qui ont suivi la catastrophe, plus de 1200
personnes se sont présentées chez leur médecin. Elles souffraient
pour la plupart de troubles respiratoires, surtout les
asthmatiques, et d'irritations des yeux. Les symptômes les plus
fréquents étaient toutefois d'ordre psychologique.



La catastrophe a engendré dans la population un climat de peur,
d'angoisse, d'insécurité, de colère et de déception. Il faudra des
années à l'industrie pour regagner la confiance des Bâlois.

Effort au niveau de la sécurité

Cet événement a profondément changé l'approche en matière de
sécurité, souligne Jürg Hofer, actuel directeur de l'Office de
l'environnement et de l'énergie de Bâle-Ville. Des mesures ont été
prises au niveau de la Confédération et l'industrie a dû s'adapter,
et pas seulement en Suisse. Le risque est devenu un élément
incontournable.



Toute l'industrie chimique a "appris", disent d'une même voix Jürg
Hofer et Michael Plüss, actuel directeur de Novartis Suisse qui
travaillait pour Sandoz lors de la catastrophe. Aujourd'hui, plus
question de "cacher" un incident, même sans gravité. Des exercices
sont régulièrement organisés par les autorités et les entreprises
pour tester et améliorer les mesures de sécurité et
d'intervention.



La globalisation et les fusions ont aussi changé la situation dans
la région. Sandoz a fusionné avec Ciba pour former le géant
Novartis qui, comme Roche, s'est séparé de son secteur chimique
pour se concentrer sur la pharmacie. La globalisation a quant à
elle provoqué la concentration des entreprises pharmaceutiques dans
les pays industrialisés, alors que la chimie, pour des questions de
rentabilité, s'est délocalisée dans des pays en
développement.



L'industrie n'a pas pour autant simplement transféré les risques
vers les pays moins riches, souligne Michael Plüss: les entreprises
bâloises ont introduit des mesures contre les risques qui sont
aussi valables à l'étranger et pour les fournisseurs.

Réduction des coûts

La forte concurrence sur les marchés pousse toutefois les
entreprises à réduire leurs coûts pour augmenter la rentabilité. La
sécurité n'est pas sacrifiée, estiment les syndicats, mais les
pressions sur les employés pour augmenter la productivité peuvent
constituer une source de risques. Les autorités de Bâle-Ville
sentent les efforts de l'industrie pour réduire les coûts.



Après la catastrophe, les entreprises proposaient d'elles-mêmes
des mesures pour améliorer la sécurité. Aujourd'hui, tout se
négocie durement et les coûts sont devenus un élément dominant dans
les discussions.



La catastrophe de Schweizerhalle a aussi contribué à améliorer
l'information de la population, qu'elle vienne des autorités ou de
l'industrie. Les entreprises ont notamment renforcé leurs effectifs
dans le secteur des relations publiques.

Nouveaux risques

"Il ne faut jamais dire jamais", répond Michael Plüss quand on
lui demande si la catastrophe de Schweizerhalle pourrait se
reproduire. La probabilité est toutefois "très faible", selon lui.
Les risques potentiels liés aux nouvelles technologies
(biotechnologie et nanotechnologie) sont pris très au
sérieux.



Pour Jürg Hofer aussi, il est peu probable qu'une catastrophe
comme celle du 1er novembre 1986 se répète dans la région. Les
risques pour l'environnement sont aujourd'hui plutôt provoqués par
les rejets quotidiens d'eaux usées dans les rivières.



ats/ant

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Le Rhin plus propre qu'il y a 100 ans

L'incendie du 1er novembre 1986 dans un hangar de l'usine Sandoz de Schweizerhalle (BL) a provoqué une importante pollution du Rhin. Grâce aux mesures d'assainissement et de protection qui ont suivi, le fleuve est aujourd'hui plus propre qu'il y a un siècle.

Plus de 1000 tonnes de produits chimiques divers étaient parties en fumée. L'eau utilisée par les pompiers pour éteindre les flammes avait terminé dans le Rhin tout proche, donnant au fleuve une couleur rouge sang et provoquant une pollution sans précédent.

La catastrophe avait provoqué la mort de centaines de tonnes de poissons et détruit la flore sur 500 km environ en aval de Bâle.

Le fleuve s'est remis rapidement de cette pollution. Des espèces qui avaient disparu avant la catastrophe sont réapparues grâce aux efforts des pays riverains. Elles sont désormais au nombre de 63.

La faune aquatique de l'ancien Rhin est ainsi à nouveau presque complète. Seul l'esturgeon manque encore à l'appel. Symbole de cette renaissance du Rhin, le saumon est de retour dans le fleuve.

Il en avait totalement disparu dans les années 1950 en raison de la pollution industrielle et de la construction de centrales électriques. Ces barrages artificiels constituent toujours les seuls obstacles au retour du saumon jusqu'à Bâle.