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A Genève, "la méconnaissance de l'apprentissage est le vrai problème"

En Suisse, deux jeunes sur trois suivent un apprentissage. [AFP - Monty Rakusen / Cultura Creative]
L'invité de La Matinale - Damien Berthod, directeur du service de l'information de l'OFPC à Genève / L'invité-e de La Matinale / 12 min. / le 8 août 2019
Les jeunes Suisses délaissent toujours plus la formation professionnelle pour les études gymnasiales. Point de situation dans le canton de Genève avec Damien Berthod, directeur du Service de l’information scolaire et professionnelle de l'OFPC.

Alors qu'environ 75'000 apprentis s'apprêtent à commencer leur formation en Suisse, il reste encore 12'000 places d'apprentissage vacantes. Devant un phénomène qui se perpétue, les cantons ont lancé des opérations visant à promouvoir la voie professionnelle. A Genève, Go-Apprentissage veut faciliter la transition directe des élèves du cycle d'orientation. L'an dernier, un festival culturel a même vu le jour pour valoriser les filières d'apprentissage.

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Car bien que le nombre de contrats d'apprentissage signés va croissant, les jeunes Genevois s'intéressent plus tardivement que d'autres à cette voie. "En Suisse alémanique, l'apprentissage et les études sont mis à égalité quand il s'agit de choisir une filière post-obligatoire", explique Damien Berthod, invité jeudi dans la Matinale de la RTS.

"Là-bas, 66% des élèves [ndlr: contre 35% dans le canton de Genève] du secondaire II suivent un apprentissage, et la majorité le fait directement après le cycle. A Genève, ce taux de transition directe est de 5%." Un chiffre que le projet Go-Apprentissage veut doubler.

Déconstruire les stéréotypes

S'il n'y a pas de réel désintérêt de l'apprentissage selon le spécialiste, il y a en revanche une méconnaissance, qui participe à l'idée que la formation professionnelle est une voie "par défaut". "C'est ça le vrai problème", insiste Damien Berthod. "L'apprentissage n'est plus ce qu'on pouvait imaginer, ce n'est pas une impasse professionnelle, sociale et économique. Il y a énormément de passerelles qui mènent à d'autres formations, notamment aux HES. Notre difficulté est de faire connaître ce système aux élèves, mais aussi aux parents et aux enseignants. Nos efforts vont dans ce sens."

La structure est là: il existe des prestations et des conseillers pour permettre aux jeunes de réussir dans les meilleures conditions possible. Ils sont en tout cas biens encadrés.

Damien Berthod, directeur du Service de l’information scolaire et professionnelle à l'Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue

Le directeur confirme que cette voie souffre de stéréotypes négatifs, alors qu'"à Genève, on peut se former actuellement à plus de 120 métiers, et de nouveaux émergent, ce qui représente une palette extrêmement riche et diversifiée." Les domaines sociaux, commerciaux et la santé ont encore du succès. Ceux de l'industrie et du bâtiment sont un peu moins populaires, victimes d'une image dévalorisée, alors que les opportunités d'emploi ne manquent pas. "On doit travailler sur la déconstruction de certaines idées concernant l'apprentissage."

Moins d'abandons en cours de route

Une fois engagé sur ce chemin, il n'est pas toujours évident pour un jeune de 15 ans ou plus d'y rester. "Passer de l'école obligatoire, qui peut être assez confortable, à un monde d'adulte est parfois compliqué", admet Damien Berthod. "Donc on doit faire ce travail d'information et de sensibilisation auprès de la population."

De nombreux jeunes quittent d'ailleurs leur place au terme de leur première année d'apprentissage. Mais là encore, les chiffres annoncent de meilleurs auspices. "On a réussi à réduire le taux de résiliation de contrat à moins de 9%. La structure est là: il existe des prestations et des conseillers pour permettre aux jeunes de réussir dans les meilleures conditions possible. Ils sont en tout cas biens encadrés."

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Propos recueillis par Agathe Birden

Adaptation web: Alexia Nichele

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