Modifié

Un nom étranger est un désavantage pour les locataires en Suisse

Le droit du bail à loyer règle les droits et obligations des locataires et des bailleurs. [Fotolia - Franz Massard]
Les noms étrangers réduisent les chances de trouver un appartement, selon une étude / Le 12h30 / 2 min. / le 9 juin 2019
Trouver un appartement peut être difficile, mais avec un nom turc ou kosovar, la situation est encore compliquée. C'est ce que montrent les résultats d'une étude des universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel, relayée dimanche dans le Sonntagsblick.

Entre mars et octobre de l'année dernière, les chercheurs ont envoyé 11'000 demandes de visites de logements dans toute la Suisse. Certaines lettres étaient signées avec des patronymes typiquement suisses, d'autres avec des noms suggérant des origines allemande, française, italienne mais aussi kosovare ou encore turque. Conclusion des chercheurs: "Les personnes avec un nom turc ou kosovar ont beaucoup moins de chances d'être invitées à visiter un appartement".

Pour Carlo Sommaruga, président de l'Asloca, l'Association de défense des locataires, une telle situation est tout simplement inadmissible: "On peut parler de discrimination à la conclusion du bail, puisque l'on voit que selon l'origine du locataire, on donne ou on ne donne pas en location". Et de souligner que la discrimination se situe aussi au niveau du loyer: "Toutes les études de l'Office fédéral de la statistique montrent que les étrangers paient au mètre carré, pour un objet identique, un loyer supérieur."

Les différences concernent en particulier les logements très bon marché et qui appartiennent à un propriétaire privé. Dans ces cas-là, mieux vaut porter un nom à consonance suisse qu'un patronyme étranger reconnaissable, car ce dernier aura 10% de chances en moins d'obtenir une visite.

Pas de mesures prévues

L'Office fédéral du logement, qui a commandé cette étude, ne prévoit pas de mesures. Dans le Sonntagsblick, son directeur justifie que les différences ne sont pas plus marquées en Suisse que chez nos voisins.

Un argument qui fait bondir Carlo Sommaruga, qui se dit "choqué" que l'existence d'une telle discrimination dans les pays voisins justifie que l'on n'intervienne pas. "L'objectif est de supprimer les discriminations, notamment par le biais d'une sensibilisation des bailleurs."

Le conseiller national socialiste genevois annonce qu'il va déposer une interpellation pour demander une campagne de sensibilisation auprès des régies et des propriétaires du pays.

Martine Clerc/ebz

Publié Modifié