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Le passeport biométrique serait falsifiable

Bientôt une naturalisation par les urnes?
La Suisse produit des passeports biométriques depuis 06.
Trois chercheurs lausannois ont examiné le passeport biométrique. Présenté comme un gage de sécurité et de fiabilité, celui-ci comporte des risques de falsification et des lacunes dans la protection des données, disent-ils dans Uniscope.

Au terme d'une étude de deux ans financée par le Fonds national
de la recherche scientifique (FNS), une experte de la police
scientifique, une juriste ainsi qu'un ingénieur ont établi que les
données biométriques induisaient d'importants risques dans chacun
de leur domaine.



Les résultats de leurs recherches font l'objet d'un article dans Uniscope , la
publication mensuelle de l'Université de Lausanne. Les conclusions
de cette recherche prennent une dimension toute particulière à
l'heure où le Parlement vient d'approuver l'ajout, dès 2009, de
deux empreintes digitales au passeport à croix blanche.

Falsification facile

"On peut mouler l'empreinte digitale de quelqu'un et réaliser un
contre-moulage à l'aide de gélatine. Il suffit ensuite de coller
cette fine couche de gélatine sous l'index, par-dessus ses propres
empreintes. Tous les capteurs que nous avons testés, même ceux
munis d'un dispositif antifraude, se font piéger", explique Marcela
Espinoza, de l'Institut de police scientifique, dans
Uniscope.



Pour la chercheuse, il est tout à fait envisageable d'obtenir
l'empreinte de quelqu'un sans son accord ou en relevant une trace,
par exemple sur un verre.

Les photos posent aussi problème

"Avec la photo du visage, le fait que vous ayez laissé pousser
vos cheveux ou votre barbe peut perturber le système, qui peinera à
vous reconnaître. De même, une variation dans l'éclairage ou la
position de la tête peut fausser la mesure", constate Jonas
Richiardi, postdoctorant du groupe traitement de la parole et
biométrie à l'EPFL.



Dans le cas d'une vérification automatique et systématique, il
faudra donc décider d'un seuil de tolérance arbitraire au-delà
duquel on estime que la personne tente de frauder.



"Avec un seuil élevé, il y a peu de chances que des tricheurs
passent inaperçus, mais le risque est grand que des personnes
honnêtes soient refoulées. Avec un seuil plus bas, on diminue ce
risque de faux rejets, mais également l'efficacité de la
protection". A l'heure actuelle, personne ne sait qui fixerait ce
seuil et s'il serait le même dans tous les pays.



tsr.ch/mej

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Stocker les données, opération délicate

Le stockage des données pose aussi des problèmes. Il se fait actuellement sur la puce électronique à l'intérieur du passeport selon des standards techniques fixés par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).

Le processus de vérification se fait grâce à un ordinateur. Les données transitent donc par ce dernier et il est techniquement envisageable qu'elles soient détournées à ce moment-là.

"Les réglementations existantes en matière de protection des données ne sont pas toujours adaptées aux problèmes spécifiques soulevés par l'utilisation des données biométriques. En l'état, leur confidentialité ne peut être garantie et les personnes concernées ne sont pas à l'abri d'un fichage ou d'un traçage", explique Elodie Arnaud, juriste à l'Institut suisse de droit comparé (ISDC).

Un passeport qui a un prix

Rappelons que le nouveau passeport biométrique coûtera 140 francs pour un adulte et 60 francs pour un enfant.

C'est ce que propose le Conseil fédéral dans le projet révision d'ordonnance mis en consultation fin juin. La procédure se poursuit jusqu'au 10 octobre 2008.

Une offre combinée destinée aux familles permettra de commander à la fois un passeport et une carte d'identité au prix spécial de 148 francs pour les adultes et de 68 francs pour les enfants, selon le Département fédéral de justice et police (DFJP).