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"La hausse de production de pétrole ces prochaines années est inéluctable"

Olivier Appert. [AFP - Dieter Nagl]
Les majors du pétrole augmentent leur production malgré la pression sociale: interview d'Olivier Appert / Forum / 5 min. / le 17 février 2019
A l'heure où la pression sociale monte pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, les producteurs de pétrole semblent ignorer cette tendance. Le nombre de barils devrait continuer à augmenter pour atteindre 105 millions par jour en 2025, explique le spécialiste Olivier Appert.

La compagnie BP a reconnu dans un récent rapport que la consommation de pétrole et de gaz continuera de croître lors des deux prochaines décennies. De son côté, le producteur américain ExxonMobil dit miser sur une augmentation de 25% de sa production d’hydrocarbures d’ici à 2025.

"Le monde a besoin de pétrole et va en avoir encore plus besoin. La demande vient essentiellement des pays émergents, à commencer par la Chine et l'Inde", rapporte Olivier Appert dans l'émission Forum dimanche.

Le conseiller au Centre Energie de l'Institut français des relations internationales explique cette hausse par deux facteurs: l'augmentation de la population mondiale ainsi que celle du niveau de vie. "Les prévisions qui sont faites par l'Agence internationale de l'énergie montrent que, d'ici 2040, la consommation de pétrole devrait continuer d'augmenter d'environ 1% par an. C'est un rythme inférieur aux années antérieures, mais cette progression est inéluctable."

Selon lui, le nombre de barils journaliers pourrait passer de 95 millions à 105 millions en 2025.

Investissement dans les énergies vertes

A côté de leur production de pétrole et de gaz, plusieurs compagnies disent investir dans des énergies renouvelables. Des annonces crédibles, selon Olivier Appert: "Ce sont des investissements à long terme qui leur permettent d'être prêtes lorsque le marché pétrolier se retournera. Total a par exemple investi dans la société américaine Sun Power, qui fabrique des panneaux solaires. Et Exxon vient de lancer un investissement important dans la production de carburants à partir d'algues", ajoute-t-il.

Certains objectifs comme ceux du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), qui visent à diminuer la production de pétrole pour maintenir le réchauffement climatique à moins de 2 degrés d'ici 2030, sont-ils réalistes?

"C'est un défi", admet l'expert. "La dynamique se passe dans les pays émergents, en particulier en Chine, où la consommation a dépassé celle de l'Europe en 2006, et celles des Etats-Unis en 2009 (...) Cela dépend des efforts qui seront faits par la communauté internationale."

Propos recueillis par Mehmet Gultas

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