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Le CHUV s'équipe pour mieux accompagner les personnes souffrant d'obésité

Lucie Favre, co-responsable du Centre de l'obésité. [Keystone - Laurent Gillieron]
Nouveau centre de l’obésité au CHUV: interview de Lucie Favre / Le 12h30 / 4 min. / le 1 mars 2023
Un nouveau Centre de l’obésité réunissant les compétences des équipes médicales et chirurgicales a été inauguré mercredi au CHUV à Lausanne. Son objectif: offrir une prise en charge pluridisciplinaire aux patients souffrant de cette maladie chronique.

L’obésité représente un enjeu majeur de santé publique, mais bénéficie trop rarement d’une prise en charge clairement définie et coordonnée. Touchant 11% de la population suisse, "elle souffre de ne pas avoir été reconnue en tant que maladie pendant de nombreuses années, y compris par le corps médical", a déclaré la doctoresse Lucie Favre.

Ce nouveau centre devrait permettre une "collaboration étroite avec nos collègues du Service de la chirurgie viscérale", a ajouté la responsable de la consultation obésité (Service d’endocrinologie) et co-responsable du Centre de l’obésité. "Elle permet de remettre le patient au centre et de lui offrir l'ensemble des traitements possibles".

Plusieurs compétences réunies

La nouvelle structure réunit les forces et compétences des différents soignants impliqués (de la diététique à la chirurgie en passant par la psychologie et les soins infirmiers). Le projet de soins intègre les comorbidités telles que l'apnée du sommeil, des brûlures d’estomac, des maladies cardiaques, de l’arthrose, du diabète ou encore de la souffrance psychique.

"Il est utopique de penser traiter l'obésité sans traiter les pathologiques sous-jacentes", révèle Lucie Favre.

Pendant des dizaines d'années, en raison de la négation de la maladie, les patients se voyaient enjoints de faire des régimes et de trouver des solutions par eux-mêmes, souligne Lucie Favre. "On sait aujourd'hui que cela ne fonctionne pas". Elle a également rappelé que la classification de l'obésité, à savoir un indice de masse corporel (IMC) supérieur à 30, ne tient pas compte de la réalité médicale diverse des patients.

En Suisse, il existe actuellement un traitement médicamenteux sous forme d'injection quotidienne. D'autres vont certainement arriver dans un proche avenir", souligne la responsable. Quant à la chirurgie de l'obésité (bypass), elle a fait ses preuves depuis de nombreuses années. "En moyenne, la perte de poids est de 30% à 10 ans, ce sont d'excellents résultats".

>> Pour aller plus loin, écouter le sujet d'On en parle du 9 janvier passé :

Une médecin mesure le tour de taille d'un patient en surpoids. [Depositphotos - vadimphoto1@gmail.com]Depositphotos - vadimphoto1@gmail.com
Question minute: les dangers du surpoids / On en parle / 1 min. / le 9 janvier 2023

Davantage de médecins spécialisés

"Avec la création du centre, nous avons l'espoir concret d'augmenter le nombre de chirurgiens spécialisés dans la chirurgie bariatrique. Mais aussi d'autres professionnels impliqués dans la prise en charge de l'obésité", a souligné pour sa part la doctoresse Styliani Mantziari, responsable de la chirurgie bariatrique (Service de chirurgie viscérale) et co-responsable du Centre de l’obésité.

Le nombre de patients demandant une prise en charge augmente depuis quatre à cinq ans. La consultation ambulatoire prend en charge 550 patients par année. Quant aux patients chirurgicaux, ils sont en légère hausse, avec une centaine d'interventions pratiquées annuellement, détaille Styliani Mantziari.

>> Voir aussi le reportage du 19h30 sur les nouveaux traitements contre l'obésité :

Nouvelle offre thérapeutique dans la lutte contre l'obésité.
Nouvelle offre thérapeutique dans la lutte contre l'obésité. / 19h30 / 3 min. / le 4 mars 2023

Besoin de sensibiliser

Les spécialistes constatent qu'il faut aux patients un long moment avant de consulter en raison de la stigmatisation. Il reste tout un travail de sensibilisation à faire pour lutter contre la grossophobie, ce dans le milieu médical également. "L'obésité n'est jamais un choix, c'est toujours une douleur", déclare Lucie Favre.

Opérationnel depuis la fin de l'année 2022, le Centre de l'obésité a été inauguré officiellement peu avant le 4 mars, journée de lutte mondiale contre cette maladie chronique.

Enfin, Lucie Favre déplore les initiatives récemment refusées par le Conseil National visant à limiter le sucre dans les boissons industrielles et les aliments transformés car elles auraient pu aider à combattre l'obésité.

>> Lire à ce sujet : Échec des négociations sur la réduction du sel dans l'alimentation

ats/juma

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