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"Si tout le monde consommait comme les Suisses, il faudrait 3 planètes"

La porte-parole du WWF Pierrette Rey. [RTS]
L'invité de la rédaction - Pierrette Rey, porte-parole du WWF / La Matinale / 9 min. / le 2 août 2018
Si l'humanité vit à crédit depuis le 1er août en ayant déjà consommé toutes ses ressources annuelles, la Suisse a déjà franchi ce seuil le 7 mai, rappelle la porte-parole du WWF Pierrette Rey.

Mercredi 1er août, l'humanité a connu le "jour du dépassement", qui marque le franchissement du seuil de consommation de l'ensemble des ressources que la nature peut renouveler en une année.

>> Lire : Le 1er août, l'humanité aura déjà épuisé ses ressources pour 2018

"Cela signifie concrètement que l'on produit bien plus de CO2 que ce que les océans et les forêts du globe sont capables d'absorber. Que l'on pêche beaucoup plus de poissons que ce qui permettrait aux populations de se renouveler. Et qu'on utilise beaucoup plus de bois que ce que les forêts sont en mesure de nous donner", image la porte-parole du WWF Pierrette Rey dans La Matinale de la RTS. A ce rythme, 1,7 planète serait nécessaire pour subvenir aux besoins de l'humanité.

"Jour du dépassement suisse" il y a 3 mois

La Suisse, souvent présentée comme bonne élève dans toute une série de classements, a pourtant déjà franchi ce fameux jour du dépassement le 7 mai. "Si tout le monde consommait comme les Suisses, il faudrait presque 3 planètes pour subvenir à nos besoins", poursuit Pierrette Rey.

"Je crois que l'on s'arrête parfois à la beauté de nos paysages pour se bercer de l'illusion que tout va bien. Mais en réalité, on sait que l'on prend beaucoup plus souvent l'avion en Suisse que les habitants des pays voisins. Notre parc automobile est l'un des plus gourmands d'Europe en terme de consommation d'essence. Et il ne faut pas oublier que l'on se chauffe encore essentiellement au mazout, qui est une énergie fossile polluante."

"Beaucoup de superflu dont on pourrait se passer"

Afin de retarder ce seuil annuel franchi de plus en plus tôt, le WWF prône par exemple de se chauffer différemment, en utilisant davantage les énergies renouvelables. Diminuer le gaspillage alimentaire aurait aussi un impact important, puisqu'il permettrait à lui seul de "faire reculer la date d'une bonne dizaine de jours", estime Pierrette Rey.

"Ce que l'on recommande aussi, c'est de consommer moins souvent de la viande, et puis par exemple prendre un peu plus souvent le vélo ou les transports publics." Autre action potentiellement bénéfique: essayer d'éviter autant que possible les déchets en plastique ou d'acheter des produits suremballés. "On pourrait s'en passer pour beaucoup de choses", poursuit la porte-parole du WWF, qui salue dans le même temps l'émergence du mouvement des produits en vrac dans l'alimentaire.

Mais ces efforts riment-ils avec restriction des libertés ou l'abandon d'un certain confort? Pas à en croire Pierrette Rey: "Il faut repenser notre mode de vie. Fondamentalement, je ne pense pas que les gens qui vivaient dans les années 1970 étaient moins heureux et vivaient moins bien que nous. On vit aujourd'hui avec beaucoup de superflu dont on pourrait se passer facilement, sans perdre en confort."

Propos recueillis par Coralie Claude/jzim

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