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Le recul des glaciers pose de vrais défis à la production électrique des barrages

La fonte des glaciers complique l’exploitation des barrages. Exemple en Valais
La fonte des glaciers complique l’exploitation des barrages. Exemple en Valais / 19h30 / 2 min. / le 6 août 2023
Le recul des glaciers en raison du changement climatique les éloigne toujours plus des prises d'eau qui alimentent les barrages hydroélectriques. En conséquence, davantage de sédiments sont entraînés au fond des bassins, qui doivent être davantage entretenus.

Au fond du Val d'Hérens (VS), le bas glacier d'Arolla a reculé de près de 500 mètres depuis les années 1980. Responsable de la maintenance électrique au groupe d'exploitation hydraulique (GEH) d'Hérens durant cette période, Eric Vuignier en a été le témoin.

"L'impact direct, c'est que comme le glacier est beaucoup plus éloigné, le chemin de l'eau est beaucoup plus long, donc il va entraîner beaucoup plus de sédiments jusqu'à la prise d'eau", explique-t-il.

Maintenance plus difficile

L'accumulation du limon ou du gravier est ainsi plus rapide dans les bassins, et l'entretien plus contraignant. "Avant, on effectuait 10 ou 15 purges par année. Maintenant, on est à plus de 30, parfois même à 50 ou 60", précise Manuel Follonier, responsable du GEH Hérens. Or, ces nettoyages sont essentiels pour limiter les dégâts d'usure sur les pièces du barrage. Car certaines réparations d'éléments endommagés peuvent demander plus d'une centaine d'heures de travail.

Par ailleurs, une eau trop chargée en sédiments peut perturber la production d'électricité. Il faut donc analyser régulièrement le liquide qui transite dans les turbines.

Trop d'eau...

Autre défi: la gestion de l'eau, notamment pour éviter un débit trop important en été, période de fonte des neiges. Car au vu de la capacité actuelle de certains barrages, l'excédent d'eau ne peut pas être utilisé.

Il serait possible de rehausser les barrages "tampon", en amont des installations hydroélectriques, de créer des bassins secondaires ou encore d'agrandir les collecteurs. "Mais ce sont des solutions qui sont très importantes en termes de temps et d'investissements pour les propriétaires de ces infrastructures", explique Arnaud Schaller, membre de la direction de l'entreprise Hydro Exploitation SA, qui exploite notamment la Grande Dixence.

...ou plus du tout?

La principale inquiétude concerne toutefois, à terme, le manque d'eau lié à la disparition des glaciers. Mais selon Elmar Kämpfen, directeur d'Hydro Exploitation, les études ne sont pas catastrophistes. "Les scientifiques disent qu'il y aura moins d'eau l'été, mais davantage au printemps au niveau de la pluie, des précipitations normales", dit-il. "Alors les apports d'eau vont peut-être diminuer un petit peu, mais on aura toujours de l'eau, même sans les glaciers."

Malgré tout, les paysages lunaires que révèle la fonte des glaces laissent présager des difficultés pour les exploitants de l'or bleu.

Claudine Gaillard Torrent/jop

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