Mort de Mike Ben Peter: les six policiers lausannois sont acquittés
Les six policiers liés à l'affaire Mike Ben Peter ont été acquittés jeudi à Renens. Le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a estimé qu'ils n'avaient pas causé la mort du Nigérian de 39 ans lors d'une intervention anti-drogue musclée à Lausanne en 2018. La sortie du tribunal s'est déroulée sous haute tension.
Après quatre jours d'un procès retentissant, les trois juges de la Cour correctionnelle devaient déterminer si les six agents étaient coupables d'homicide par négligence. Les magistrats ont répondu par la négative, suivant ainsi le Ministère public qui avait lui-même laissé tomber l'accusation.
Les juges se sont notamment référés aux expertises médico-légales. Celles-ci ont relevé qu'il était impossible de dire que Mike Ben Peter était mort à cause de l'intervention policière et, notamment, en raison du plaquage ventral pratiqué par les agents.
"Le Tribunal ne voit pas le moyen de s'écarter des expertises médico-légales", a déclaré le président Pierre Bruttin en fin de lecture du jugement, long de 50 pages et qui a duré plus de 90 minutes. L'arrêt cardio-respiratoire serait ainsi survenu indépendamment de la façon de positionner Mike Ben Peter.
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Devoir de prudence pas violé
La Cour a aussi conclu que les policiers n'avaient pas violé leur devoir de prudence. Sur ce point, elle s'est écartée du Ministère public, qui avait estimé que les policiers avaient maintenu Mike Ben Peter trop longtemps sur le ventre.
Au final, les juges ont estimé "qu'il n'y avait pas de liens de causalité" entre l'intervention policière et la mort du Nigérian. "Les causes de son décès sont multifactorielles", a souligné Pierre Bruttin. Le Tribunal acquitte donc les six policiers, a-t-il conclu.
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"Ce n'est pas juste du tout"
"La honte", a crié une personne présente dans le public, avant que d'autres enchaînent: "Justice complice", "C'est trop facile". Le président a rappelé le public à l'ordre pour terminer sa lecture, puis la sortie s'est déroulée sous haute tension.
Présents à Renens, la veuve et le frère de Mike Ben Peter sont sortis sous les applaudissements de près de 100 personnes venues les soutenir et manifester.
"Ce n'est pas juste du tout. Je veux obtenir la justice pour mon mari. Cela ne devait pas se passer comme ça. Je suis une lionne et n'abandonnerai jamais. Je reviendrai", a dit la veuve face aux médias, en rage et en larmes.
Recours probable
L'avocat de la famille de la victime avait demandé une condamnation. Selon lui, les policiers ont fait un usage disproportionné de la violence lors de cette arrestation.
Me Simon Ntah n'a pas voulu faire de commentaires à l'issue du verdict. Mais un recours est plus que probable, l'avocat ayant plusieurs fois évoqué qu'il irait jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) s'il le fallait.
Une sortie de tribunal chahutée
Dehors, les manifestants ont ensuite crié en coeur "Justice pour Mike". Lorsque le commandant de la police municipale lausannoise Olivier Botteron, présent dans le public, est sorti avec un porte-parole de la police, les manifestants les ont hués aux cris d'"assassins". Ils ont rebroussé chemin. Juges, avocats, policiers prévenus et certains accompagnants sont finalement sortis par l'arrière du tribunal.
De nombreux manifestants sont ensuite rentrés dans le hall pour clamer leur colère face à ce verdict. Les cris des manifestants, au son de "Police partout, justice nulle part", ont duré plus de 30 minutes avant que le calme revienne. La manifestation s'est terminée assise et en silence.
Du côté de la défense, l'avocat d'un des policiers, Me Jean-Emmanuel Rossel, a exprimé son soulagement. "Cela fait longtemps que je pense que le dossier devait conduire à un acquittement, à partir du moment où les expertises nous expliquaient que l'intervention des policiers n'était pas responsable de la mort" de Mike Ben Peter, a-t-il réagi.
>> Ecouter les précisions de Fabiano Citroni dans le 19h30 :
Soulagement du commandant de la police
Interrogé aussi par Keystone-ATS, le commandant de la police lausannoise Olivier Botteron a évoqué un "soulagement pour les policiers impliqués et également moi-même, mais aussi pour tous les policiers du canton".
Et d'ajouter: "Nous avons tous été touchés par ces événements tragiques et nous transmettons nos condoléances à la famille", a-t-il tenu à dire. "C'est dur d'entendre ces cris et huées", a-t-il encore ajouté, des sanglots dans la voix.
Les six policiers prévenus n'ont pas été suspendus jusqu'à la tenue du procès. Dès lors, le jugement étant prononcé, ils poursuivront leur activité professionnelle normalement.
A noter finalement que le procureur général-adjoint Laurent Maye n'était pas présent pour le verdict. Il a cédé sa place à un autre procureur.
>> Voir aussi l'interview de l'avocate Milena Peeva, observatrice externe lors du procès,
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ats/ami
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