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L'ancien directeur de l'ECAL Pierre Keller est décédé à 74 ans

Pierre Keller, la disparition d'un Vaudois hors normes
Pierre Keller, la disparition d'un Vaudois hors normes / L'actu en vidéo / 2 min. / le 8 juillet 2019
Pierre Keller, qui a dirigé l'Ecole cantonale d'art de Lausanne (ECAL) de 1995 à 2011, a succombé après une opération, a annoncé le Conseil d'Etat vaudois. Il luttait depuis deux ans contre un cancer du foie.

Graphiste de formation, Pierre Keller avait quitté avec peine son poste de directeur de l'ECAL en 2011. Dans la foulée, c'est à la présidence de l'Office des vins vaudois que le natif de Gilly avait rebondi.

Pierre Keller aimait le soleil, le soleil qui fait croître la vigne, qui donne de l’élan aux jeunes pousses de créateurs issues de sa pépinière de haut vol, l’ECAL, qu’il a contribué à faire exister bien au-delà des frontières. Il hissera l’école parmi le top ten des écoles d’art et de design dans le monde pendant 16 ans.

Pierre Keller a été le délégué du Conseil d'Etat vaudois pour l'organisation des festivités du 700e anniversaire de la Confédération en 1991, laissant un souvenir impérissable avec le slogan provocateur de l’artiste Ben, "La Suisse n’existe pas".

>> Regarder le sujet du 19h30 :

Pierre Keller, le fondateur de l'ECAL à Lausanne, est décédé hier.
Pierre Keller, le fondateur de l'ECAL à Lausanne, est décédé hier. / 19h30 / 2 min. / le 8 juillet 2019

Toujours aux premières loges

Côté artistique, il a toujours été aux premières loges de ce qui se fait; créant le "Kilo Art", étalon suisse de mesure de l'art, au tout début des années septante, il découvre le potentiel du polaroïd en 1975. Il réalise sa première photographie à la Biennale des jeunes de Paris où il expose. Il apprécie l’instantanéité du polaroïd, qui lui permet de capturer l’instant.

Jouisseur, hédoniste, Pierre Keller livre ses balades photographiques entre New York, Buenos Aires ou encore l’Italie, sans tabou. L’année dernière, le QG de La Chaux-de-Fonds montrait ses images qui aujourd’hui sont réunies dans un très beau livre, "My colorful life", paru aux éditions Patrick Frei.

>> A lire : La balade torride de Pierre Keller au pays du sexe et de l'éros

Les croupes des chevaux

Après cette plongée dans les corps masculins, il s’engage à traquer les croupes de chevaux reproducteurs du haras de Cluny. Ses polaroïds grand format feront scandale, ses "culs de chevaux" vont en interloquer plus d’un. Pourtant, que de beauté dans cette palette subtile des variétés de robes, la finesse et la sensualité d'un lacis de veine, fleuve boursouflé d'un blanc au tissu tendre et crémeux…

Avec sa disparition, c’est tout un pan des grands moments de la vie culturelle romande qui s’en va, les affiches de Keith Haring pour la Dolce Vita, celles de Tinguely pour le Montreux Jazz.

Sa collection d’œuvres sur papier dont le musée Jenisch de Vevey montre une partie jusqu’au 11 août exprime les nombreux liens d’amitié tissés avec les artistes durant sa longue carrière.

Humour contre le cancer

Membre du comité de fondation du Montreux Jazz Festival, officier des Arts et des Lettres, Prix du rayonnement 2006 de la Fondation vaudoise pour la culture, Pierre Keller luttait depuis deux ans contre un cancer du foie.

>> Il en parlait avec humour et avait témoigné de sa force de vivre dans l'émission Pardonnez-moi :

"La confiance et les amis sont déterminants pour lutter contre le cancer"
Pierre Keller: "La confiance et les amis sont déterminants pour lutter contre le cancer" / L'actu en vidéo / 2 min. / le 26 mars 2019

cv/Florence Grivel

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