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Victor, 12 ans: "J'ai subi des violences verbales durant 4 ans à l'école"

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Témoignage de Victor, 12 ans, victime de violences verbales / L'actu en vidéo / 1 min. / le 9 avril 2017
La violence, physique ou verbale, entre les enfants pousse certains à changer d'école. La RTS a rencontré l'un d'eux, un jeune Valaisan de 12 ans, qui a intégré un nouvel établissement scolaire après avoir subi des insultes durant 4 ans.

"Con, pas de bite, pas de cerveau, idiot et même trou du cul". Depuis l'âge de 8 ans, Victor a régulièrement subi les attaques orales de plusieurs camarades de classe. "Ils étaient très nombreux, tout un groupe. Il y a des matins où (j'arrivais à l'école) avec la boule au ventre et à la gorge", explique-t-il.

Il admet être parfois venu en classe en pleurant: "Ca me stressait pour la récré", ajoute-t-il. "Il y a des jours où ça me donnait le blues et du coup cela me rendait de mauvaise humeur quand je rentrais.".

Mesures "inefficaces"

Le jeune garçon de 12 ans dit ne pas s'être senti soutenu par le corps enseignant: "Certaines fois ils étaient témoins et d’autres fois je le leur disais (moi-même), mais ils ne le prenaient pas tellement en compte. Ma maman a parlé avec le directeur, une médiatrice est venue, mais ça n’a pas été très efficace".

Victor a fini par changer d'établissement scolaire il y a quelques jours. "Je me sens heureux (...) Je m’entends avec tout le monde, on est moins nombreux, et tout le monde a l’air très gentil". Il dit ne pas garder d'aigreur vis-à-vis de ses anciens camarades: "Je préfère pardonner que d’être fâché avec eux éternellement".

Coups de ciseaux et bousculades

Plusieurs mamans contactées par la RTS évoquent une chaîne grippée: "Même si les enseignants et le chef d'établissement (scolaire) sont au courant d’une situation de harcèlement ou de violence, souvent ils ne font rien et le problème perdure", dit l'une d'elle. Certaines parlent en outre de coups de ciseaux ou de bousculades d'enfants en fauteuils roulants.

Un papa rapporte le cas d'une fillette de 8 ans qui a déjà donné à d’autres des coups de poinçon. Un policier a par ailleurs présenté à la RTS une fillette de 10 ans venant de se faire rouer de coups par des plus grands.

Une approche légale "difficile et sensible"

En matière de harcèlement scolaire, le Code pénal suisse ne comprend pas d'articles permettant de réprimer expressément le harcèlement, rappelle Zoé Moody, chercheuse à l’université de Genève au centre d’études pour les droits de l’Enfant.

Mais il renferme toutefois diverses dispositions concernant la violence physique, verbale, sexuelle, psychique ou les nouvelles technologies de communication. "L’approche légale de ce thème reste difficile et sensible, notamment en raison de cette zone d’ombre. Dans beaucoup de cas, le petit caïd s’en tire très bien", précise Zoé Moody.

>> Le sujet complet du 19h30 :

Micro-violence: la violence ordinaire entre enfants
Micro-violence: la violence ordinaire entre enfants / 19h30 / 2 min. / le 9 avril 2017

Flore Dussey/hend

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Différentes mesures dans les cantons

Face au harcèlement à l'école, les cantons ont entrepris diverses mesures. "Si l’acte de violence verbale ou physique se répète jour après jour, s’inscrit dans la durée et si la victime vit une véritable souffrance, ce sont là des signes clairs justifiant une intervention rapide des milieux professionnels compétents", explique Romaine Schnyder, directrice du Centre valaisan de développement et thérapie de l’enfant et l’adolescent. En Valais, il arrive même parfois que la police municipale intervienne pour "impressionner les enfants agresseurs".

De son côté, le canton de Vaud mise sur la prévention et le soutien aux écoles pour le suivi et la prise en charge d’élèves concernés par le harcèlement en milieu scolaire. A Genève, un plan d’action et de prévention concernant le harcèlement à l’école est en préparation, qui prévoit une coordination entre tous les acteurs de l'éducation, y compris les bibliothécaires, les concierges ou les infirmières scolaires.