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Contrairement aux apparences, les feux de forêt ne détruisent pas la nature

20 ans après l'incendie, la forêt de Loèche abrite des oiseaux rares et des plantes oubliées.
20 ans après l'incendie, la forêt de Loèche abrite des oiseaux rares et des plantes oubliées. / 19h30 / 3 min. / le 8 août 2023
En août 2003, un incendie anéantissait plus de 300 hectares de pinède au-dessus de Loèche (VS). Deux décennies plus tard, des oiseaux rares ou menacés et des plantes oubliées sont réapparus. Car, contrairement aux croyances, les incendies permettent à la nature de se renouveler.

Vingt ans après, la forêt porte encore les stigmates de cet incendie d'origine criminelle. Pourtant, la vie foisonne. Les feuillus règnent désormais en maîtres et accueillent de nouveaux habitants, comme la pie-grièche écorcheur. Sans l'incendie, cet oiseau rare ne se serait jamais installé dans la région, tout comme le rouge-queue à front blanc ou le torcol fourmilier.

Ces oiseaux bénéficient d'un environnement nu sur lesquels les insectes foisonnent, explique l'ornithologue Livio Rey dans le 19h30. "C'est un très bon exemple: l'incendie a créé un habitat pour ces oiseaux rares."

>> Voir à ce sujet le reportage de Couleurs Locales de septembre 2022 :

Dévastée par l'un des plus grand incendie de Suisse en 2003, la forêt au-dessus de Loèche abrite des espèces d'oiseaux rares.
Dévastée par l'un des plus grand incendie de Suisse en 2003, la forêt au-dessus de Loèche abrite des espèces d'oiseaux rares. / Couleurs locales / 2 min. / le 6 septembre 2022

La forêt dévastée est ainsi devenue un véritable laboratoire à ciel ouvert pour les scientifiques, qui ont défini plus de 150 zones d'études dans lesquelles les espèces animales et végétales sont répertoriées et leur évolution étudiée.

Retour et évolution de la biodiversité

L'incendie a notamment fait réapparaître des espèces inattendues, comme la plante des teinturiers (Isatis Tintoria). "C'est une plante qui était cultivée dans le temps. L'hypothèse, c'est que les graines étaient enfouies dans le sol et, après le feu, il y a eu des trouées qui ont permis l'accès à la lumière, et elles ont pu germer", explique Véronique Spahr, stagiaire à l'Institut fédéral de recherches sur la forêt (WSL).

Les botanistes ont aussi retrouvé cet été des espèces qui étaient déjà présentes avant l'incendie et qui font leur retour après une vingtaine d'années. "Il y a une vraie biodiversité [...] Les plantes ne sont pas les mêmes d'une parcelle à l'autre", souligne sa collègue Sanne Schnyder.

>> Lire aussi : Comment les méga-feux en Australie ont créé un continent de micro-algues

Ce retour à la normalité de la nature, Livio Rey l'observe également chez les oiseaux depuis plus d'une décennie à Loèche. "On a vu une évolution des espèces qui aiment bien le bois mort et les sols nus [...] vers des oiseaux de la forêt, comme les mésanges ou les merles", expose-t-il.

D'ici quelques décennies, cette forêt pourrait donc retrouver son visage d'avant. Reste toutefois une inconnue: l'influence du changement climatique sur son développement.

>> Plus d'explications sur ce sujet : Après les incendies géants, comment les forêts vont-elles se régénérer?

Claudine Gaillard Torrent/jop

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