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Interdiction de la publicité sexiste sur le domaine public neuchâtelois

Affiche publicitaire dénoncée comme sexiste à Paris (image d'illustration). [AFP - Garo/Phanie]
Interdiction de la publicité sexiste sur le domaine public neuchâtelois / Le Journal horaire / 18 sec. / le 1 septembre 2021
Après Vaud et Bâle-Ville, Neuchâtel veut être le troisième canton suisse à interdire la publicité sexiste sur le domaine public. Le Grand Conseil neuchâtelois a accepté mercredi une motion de la gauche. Les affiches pour les petits crédits à la consommation subiront le même sort.

"La lutte pour l'égalité demande d'ancrer des valeurs dans un cadre législatif. Une publicité peut valoriser des comportements et propager des stéréotypes et valeurs dégradantes", a déclaré la Verte Sera Pantillon.

La motion des groupes socialiste et VertPOP a obtenu le soutien du Conseil d'Etat. "Nous sommes influencés et façonnés par les publicités, qui véhiculent des normes et des valeurs que nous intériorisons. L'interdiction de publicités sexistes sur l'affichage public est une mesure parmi d'autres sur le chemin de l'égalité", a expliqué Florence Nater, conseillère d'Etat en charge de l'emploi et de la cohésion sociale.

L'interdiction de publicités sexistes sur l'affichage public est une mesure parmi d'autres sur le chemin de l'égalité

Florence Nater, conseillère d'Etat neuchâteloise en charge de l'emploi et de la cohésion sociale.

Pas de loi fédérale

Actuellement, il n'y a pas de base légale au niveau fédéral, mais la marge de manoeuvre existe pour agir au niveau cantonal, a ajouté la conseillère d'Etat. Des discussions devront aussi avoir lieu avec les communes, les panneaux d'affichage étant très souvent sur leur territoire.

La motion demande d'interdire sur le territoire cantonal les procédés de publicité sexistes sur le domaine public et sur le domaine privé, visible du domaine public. Le texte aimerait aussi que le Conseil d'Etat évalue la pertinence et la faisabilité d'étendre l'application de ce standard à d'autres types de supports publicitaires.

"Ce dernier point sera plus difficile à atteindre" car les publicités à la télévision ou sur les réseaux sociaux ne sont pas exclusivement diffusées sur le territoire cantonal, a précisé Florence Nater.

La droite opposée

Les Vert'libéraux ont aussi émis une réserve sur ce point, mais ont soutenu la motion, tout comme Le Centre. "On fait confiance au monde publicitaire pour trouver des moyens de communication percutants, sans utiliser de stéréotypes", a expliqué Caroline Plachta.

Le PLR était opposé au texte, car il estime qu'il faut des solutions réalistes et que cette nouvelle législation ne fera pas avancer la cause. "Sur quelle décision va-t-on décider d'interdire une publicité et va-t-on vers une censure et l'interdiction de la publicité pour la viande rouge par exemple ?", a déclaré Patricia Borloz.

Pour l'UDC, cette motion ouvre la porte à toutes sortes de plaintes, a expliqué Estelle Matthey-Junod. Selon elle, une publicité peut offenser une personne mais n'aura pas le même effet sur une autre.

ats/vajo

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Exemple vaudois

Neuchâtel veut s'inspirer du canton de Vaud, qui a récemment interdit l'usage de procédés publicitaires sexistes sur le domaine public. Sont notamment visés les contenus dégradants, l'utilisation de stéréotypes sexuels mettant en cause l'égalité entre les sexes et l'absence de lien naturel entre la manière dont une personne est représentée et le produit vanté.

>> Relire : Le Grand Conseil vaudois bannit les publicités sexistes de l'espace public

Pour les cas ambigus, le canton a mis en place une commission consultative qui émet un avis à destination des municipalités, ces dernières constituant l'autorité de décision.

Interdiction aussi de la publicité pour les petits crédits

Les députés neuchâtelois ont approuvé mercredi une motion socialiste demandant une prévention efficace face au surendettement, en interdisant la publicité pour les petits crédits à la consommation. Ils ont accepté le texte par 68 oui, 21 non et 11 abstentions.

"Les petits crédits sont souvent le point de départ d'une descente infernale dans le surendettement avec la nécessité de remboursement de taux d'intérêt, quasi usuriers, de 10 ou 12%", a déclaré le socialiste Jonathan Gretillat. La crise sanitaire a renforcé ce risque et la précarité, a-t-il ajouté.

La motion demande que les contrats signés entre les communes et les sociétés d’affichage contiennent une clause interdisant ce type de publicité sur le domaine public.^

Le Conseil d'Etat y était favorable. "Le surendettement est en pleine expansion, avec la précarisation de certains emplois et la hausse des inégalités", a expliqué Florence Nater. La conseillère d'Etat a rappelé que Neuchâtel est le deuxième canton suisse, après Genève, à avoir le taux de poursuites le plus élevé. Le canton a aussi le taux de surendettement le plus élevé de Suisse.