L'Urbanisme en ville de Neuchâtel souffre de ses problèmes internes

L'Urbanisme, dicastère clé et par conséquent lourd à gérer, est souvent synonyme de terrain miné à l’échelle d’une commune. L'exemple de Neuchâtel pourrait à lui seul illustrer cette règle: les magistrats qui l’ont dirigé ces dernières années - tous socialistes - ont été malmenés électoralement ou ont démissionné suite à des "affaires". Les derniers en date ont pour nom Valérie Garbani et Olivier Arni.

Ce dernier avait démissionné en septembre 2017 pour sa mauvaise gestion du dossier de la Société de navigation. Mais la spirale négative ne s’est pas arrêtée après son départ.

Suspension, démission, absences

L'écologiste Christine Gaillard, qui succède à Olivier Arni à la tête du service, vit une reprise en mains difficile. Elle a voulu faire le ménage, avec comme mesure la plus spectaculaire la suspension avec effet immédiat d'un de ses deux chefs de service. Mais l'enquête confiée à un avocat de la place traîne en longueur, et depuis sept mois, le responsable suspendu continue de toucher son salaire. Son adjointe qui l’accusait de mobbing a entretemps démissionné, deux employés sont en congé maladie et des postes clés ne sont pas repourvus.

"Le dicastère n'est pas maudit. L'urbanisme est une affaire complexe, mais il n'y a pas de malédiction", affirme Christine Gaillard, également présidente du Conseil communal. "Il faut juste travailler, et je suis très satisfaite du travail de mon équipe actuelle", affirme la conseillère communale dans l'émission Forum de la RTS.

Projet RING attendu pour septembre

Côté avancement des dossiers, le tableau est en demi-teintes. Côté réussites, Christine Gaillard a par exemple sorti de l'ornière le serpent de mer qu'est le réaménagement des rives et de la Place du port, ou projet RING. Le bureau d'architecte confirme qu'il avance enfin après les consultations sans fin et l'enlisement de l'ère Arni.

"Je vous garantis que cela avance, et même très bien", souligne Christine Gaillard, en annonçant l'ambition de la commune de soumettre le projet et son crédit de réalisation le 9 septembre prochain au législatif.

Dysfonctionnements au patrimoine bâti

Par contre, la gestion de l'important parc immobilier de la Ville - 16 millions de francs de loyers annuels sous gestion - n'est toujours pas optimale. Les Vert'libéraux ont par exemple dénoncé l'existence d'appartements insalubres pas loués faute de rénovation. On retrouve également le vieux reproche de délais excessivement longs à Neuchâtel pour traiter les permis de construire et les oppositions.

"L'Urbanisme compte deux pôles, celui du développement territorial qui fonctionne très bien, et celui du patrimoine bâti, où des dysfonctionnements sont effectivement avérés et qu'il faut réorganiser", admet Christine Gaillard. "Nous n'avons toutefois pas attendu les Vert'libéraux pour en prendre conscience, le Conseil communal le sait et a déjà présenté le problème à la commission financière", indique-t-elle.

Audit attendu le mois prochain

Pour l'heure, les voyants ne semblent pas au vert pour une sortie de crise rapide. Les fuites et les règlements de compte à l'interne ont poussé le Conseil communal à déposer une plainte pénale contre inconnu pour violation du secret de fonction.

Et selon les informations de la RTS, l'audit externe qui touche à sa fin pourrait révéler des dysfonctionnements dépassant largement le cas du chef de service suspendu. Ce dernier a par ailleurs fait savoir à la RTS qu'il conteste vigoureusement les accusations de harcèlement dont il fait l'objet.

Les conclusions de l'audit seront livrées en février, annonce encore Christine Gaillard.

>> Ecouter ses explications dans l'émission Forum :

Ludovic Rocchi et Julien Bangerter/kkub