La statistique est éloquente. Dimanche, 8,2% des votants genevois se sont déplacés dans un local pour exprimer leur choix: cela représente près de 9900 personnes. Ce chiffre détonne avec la pratique usuelle.
A Genève, les votants sont très attachés au vote par correspondance. Pour preuve, sur les quatre derniers scrutins précédant celui du 19 mai, ils n'étaient en moyenne que 5,1% à privilégier le vote à l'urne. Dimanche, ce chiffre a gagné près de 3 points. C'est conséquent et très inhabituel.
A Carouge, certains votants ne cachaient pas que leur présence était liée à l'affaire de fraude électorale présumée qui agite la République, comme le montre un témoignage recueilli au bureau de vote par l'émission Mise au point: "D'habitude, je vote soit par internet, soit par correspondance. Et aujourd'hui, non, parce qu'on a lu les journaux et on s'est dit: 'Cette fois-ci, allons-y'. Et puis ça donne l'occasion de rencontrer des gens qui se mettent à disposition de la commune".
La Chancellerie genevoise se montre prudente en la matière: elle ne confirme pas le lien entre les soupçons de fraudes électorales et la mobilisation à l'urne et dit vouloir attendre avant de tirer des conclusions.
Une nouvelle tendance?
Un avis que partage en partie le politologue Pascal Sciarini: "C'est possible que, pour quelques personnes, il y ait eu cette tendance à aller voter directement à l'urne: on ne peut pas l'exclure, il y en a certainement eu. Mais pour ma part, je pense que le surcroît du vote à l'urne a plutôt à voir avec le fait qu'on avait à Genève onze objets et qu'il a fallu du temps aux personnes pour se décider. Pour beaucoup d'entre elles, il restait uniquement le vote du dimanche pour aller voter. C'est pour cela qu'on a eu ce vote très élevé dans l'urne".
Il faudra maintenant attendre les prochaines votations pour savoir si l'on assiste à une nouvelle pratique à Genève ou si cela était lié à ce scrutin si particulier.
Raphaël Leroy/sjaq